Le golfe de Fos est très intéressant à visiter en hiver, notamment pour observer des troupes de Harles huppés et d'Eiders à duvet.
Des milieux variés mais profondément modifiés
Situation du golfe de Fos (Bouches-du-Rhône). Carte : Ornithomedia.com |
Avant la création de la grande zone industrialo-portuaire de Fos, qui couvre aujourd'hui près de 3 000 hectares (sur 7 300 aménagés), le golfe de Fos était bordé d'une mosaïque d'habitats naturels : des secteurs de coussouls (steppes) dans le prolongement de la plaine de la Crau, des dunes, des marais et des salines. Mais dans les années 1960, les pouvoirs publics français ont décidé d'aménager une grande partie de ses rives. Quatre darses ont été creusées : une (darse 3) dans la commune de Port-Saint-Louis-du-Rhône, deux très longues (darses 1 et 2) s'enfonçant de quatre et cinq kilomètres dans les terres, et une dernière plus courte à l'est appelée darse sud. Cette dernière, prolongée par deux longues jetées, sert de terminal pétrolier pouvant accueillir d'énormes navires.
Port-Saint-Louis du Rhône est une bonne base pour partir à la découverte du golfe : à l'est se succèdent sansouires, marais, voies ferrées, quais et darses, tandis qu'au sud, des hameaux de cabanes (dont celles de Carteau, qui bordent l'anse du même nom connue pour sa production de moules) s'échelonnent le long des canaux et des marais.
Encore plus au sud s'étirent les Theys de la Gracieuse et de Roustan : il s'agit de langues de sable qui se sont formées à l'est de l'embouchure du bras principal du Rhône puis qui se sont étirées au début du 19ème siècle.
Au nord de Port-Saint-Louis du Rhône s'étendent des salines (du Caban, du Relai), des rizières (comme celles autour du mas du Laget), les grands marais du Vigueirat, et l'extrémité sud de la Crau (secteurs de Ventillon et de la base aérienne d'Istres-le-Tubé).
Accès
Carte de l'ouest du golfe de Fos (Bouches-du-Rhône). En rouge, quelques circuits de découverte conseillés. (1) darses du port, dont le bassin du Gloria, (2) phare de Saint-Louis, (3) le long de la route Napoléon, (4) anse de Carteau, (5) plage Napoléon, (6) déchetterie de Fos, (7) rizières près du mas de Laget, (8) coussouls près du Ventillon, (9) marais du Vigueirat. Carte : Ornithomedia.com |
La ville de Port-Saint-Louis du Rhône est facile à atteindre depuis Arles en suivant la D 35 qui longe le Rhône ou bien la N 563 vers Fos-sur-Mer puis la D 268.
Entre novembre et mars, il faut observer dans les darses du port de Fos pour rechercher des canards marins, les grèbes et les plongeons. Il n'est pas possible d'aller partout, mais il est possible d'observer près de certains secteurs, comme aux bords du bassin du Gloria (grillage troué), les environs du port de plaisance ou la jetée qui conduit au phare de Saint-Louis.
Prenez ensuite la route Napoléon vers le sud en faisant des arrêts le long du rivage, notamment pour observer dans l'anse de Carteau en direction des élevages de moules, et arrêtez-vous sur la plage Napoléon pour observer les oiseaux marins.
Explorez ensuite les rizières au nord de Port-Saint-Louis-du-Rhône, notamment celles proches du mas de Laget, en suivant la D35 vers le Mas Thibert, en tournant tout de suite à droite après avoir traversé le canal d'Arles à Port de Bouc (bordé de grandes éoliennes), puis en empruntant les petites routes qui traversent les cultures.
Il est recommandé de visiter la réserve naturelle des marais de Vigueirat, bien indiquée à partir de Mas Thibert.
Enfin, faites un tour dans les coussouls (= parcelles de steppe caillouteuse) situés au nord du Ventillon (au nord de Fos-sur-mer), par exemple dans les environs de la piste Michelin et de la base aérienne d'Istres.
Les oiseaux en hiver
La période entre novembre et mars est certainement la plus intéressante pour observer les oiseaux le long du golfe de Fos : on a alors de bonnes chances d'observer des groupes de canards marins, notamment des Harles huppés (Mergus serrator) et des Eiders à duvet (Somateria mollissima), deux hivernants réguliers. Des troupes de quelques dizaines d'individus peuvent se former, notamment dans les darses de Port-Saint-Louis-du-Rhône et dans l'anse de Carteau (en particulier dans le secteur s'étendant du rivage aux parcs à moules).
Les groupes d'eiders les plus importants sont signalés au coeur de l’hiver, avec par exemple 115 individus observés le 10 janvier 2001 et 24 le 1er janvier 2008 à Port-Saint-Louis-du-Rhône, 40 le 17 janvier 2003 et 36 le 28 décembre 2007 dans l’anse de Carteau, 42 dans le bassin du Gloria le 24 février 2006, 23 près du They de la Gracieuse le 31/12/2007 ...
Des rassemblements de Harles huppés sont également vus chaque année durant la mauvaise saison et ils sont parfois conséquents : 57 en janvier 2000, 45 le 18 février 2003, 30 le 22 décembre 2002 et 13 le 18 janvier 2005 à Port-Saint-Louis-du-Rhône, ou encore 44 le 13 février 2005 dans l'anse de Carteau.
Eiders à duvet (Somateria mollissima), novembre 2012. Photographie : Patrick Höhener |
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Harles huppés (Mergus serrator) (photo prise dans le Var), novembre 2009. Photographie : Benoît de Boek |
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Harles huppés (Mergus serrator), janvier 2012. Photographie : Rolland Muller |
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Harles huppés (Mergus serrator), mars 2011. Photographie : Jean-Pierre Trouillas |
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La Macreuse brune (Melanitta fusca) est une hivernante plus rare mais régulière d’octobre à mai. : quatre individus ont par exemple été vus dans les darses de Port-Saint-Louis-du-Rhône le 18 janvier 2005.
La Macreuse noire (Melanitta nigra) est également peu commune entre novembre et mars, mais un passage prénuptial important peut être détecté à la fin de l'hiver, notamment en mars : 120 oiseaux ont ainsi été vus le 25 mars 2007 à Port-Saint-Louis-du-Rhône.
Lors de forts coups de vent marins, des troupes plus conséquentes de macreuses peuvent potentiellement être observées depuis les plages, comme celle de Napoléon.
Deux autres canards sont à rechercher dans le golfe durant la mauvaise saison : le Fuligule milouinan (Aythya marila) et la Harelde boréale (Clangula hyemalis), mais on a quand même plus de chances de voir cette dernière près de l'embouchure du Grand Rhône.
Des Grèbes esclavon (Podiceps auritus) et jougris (Podiceps grisegena) sont parfois visibles dans les darses du port et dans l'anse de Carteau.
Les plongeons sont réguliers en petit nombre dans le golfe, surtout entre décembre et janvier : le Plongeon arctique (Gavia arctica) est le plus "commun", les Plongeons catmarin (Gavia stellaris) et imbrin (Gavia immer) étant plus rares. La plage Napoléon est également un bon point d'observation.
Le Pingouin torda (Alca torda) est régulièrement observé en hivernage, en petit nombre, dans le golfe, mais il faut tout de même de la chance pour le voir.
Les Goélands leucophées (Larus michaellis) sont nombreux entre novembre et mars : parmi eux, il faut rechercher les Goélands bruns (Larus fuscus), plus rares. Les Mouettes mélanocéphales (Larus melanocephalus) sont bien présentes, surtout en mars lors de leur migration prénuptiale.
Une séance d'observation en mer à la fin de l'hiver (février-mars) depuis la plage Napoéon vous permettra peut-être de voir des groupes de Puffins yelkouan (Puffinus yelkouan), dont les effectifs sont très variables : 2 000 oiseaux ont tout de même été vus le 2 février 1997 ! Le Fou de Bassan (Morus bassanus) est également possible, même en janvier.
Des limicoles sont présents le long des plages (par exemple du They de la Gracieuse) et sur les salines, même au coeur de l'hiver : Pluvier argenté (Pluvialis squatarola), Courlis cendré (Numenius arquata) et corlieu (Numenius phaeopus), Huîtrier-pie (Haematopus ostralegus), Echasse blanche (Himantopus himantopus), Grand Gravelot (Charadrius hiaticula), Bécasseaux minute (Calidris minuta), sanderling (C. alba) et variable (C. alpina), Chevalier gambette (Tringa totanus), ...
Flamants roses (Phoenicopterus roseus), avec au fond les usines sidérurgiques de Fos. Photographie : Syseatac / Sa galerie sur Panoramio |
Les Flamants roses (Phoenicopterus roseus) sont visibles un peu partout, et le Tadorne de Belon (Tadorna tadorna) est visible en petits groupes.
Le Busard Saint-Martin (Circus cyaneus) et le Faucon pèlerin (Falco peregrinus) chassent parfois le long du littoral et dans les dunes : une promenade le long de la route Napoléon en hiver sera sûrement l'occasion de tomber sur l'un ou sur l'autre.
La déchetterie de Fos-sur-Mer, installée entre les darses 1 et 2, peut attirer en hiver des Milans royaux (Milvus milvus) et même parfois l'Aigle botté (Aquila pennata).
Les zones agricoles situées au nord du complexe portuaire de Fos, comme celles proches du mas du Laget, accueillent des bandes de passereaux (Fringilles, alouettes) en hivernage, et le Pipit de Richard (Anthus richardi) peut être noté (même si les prairies autour du Mas Chauvet, en pleine Crau, sont plus favorables).
Les coussouls les plus proches du golfe s'étendent près de la base aérienne d'Istres et de la piste Michelin, au nord du Ventillon. Des Gangas catas (Pterocles alchata), des Outardes canepetières (Tetrax tetrax), voire des Alouettes calandres (Melanocorypha calandra) (très mobiles à cette période de l'année), sont quelques-unes des espèces fréquentant ces zones steppiques.
Il faut aussi visiter les superbes marais du Vigueirat, qui s'étendent, plus au nord, près de Mas-Thibert : cette réserve est ouverte du 1er février au 30 novembre, et des visites guidées y sont organisées. Parmi les hivernants remarquables, citons la Nette rousse (Netta rufina) (plusieurs centaines), le Butor étoilé (plusieurs dizaines), la Grande Aigrette (Ardea alba) (nombreuse), le Héron pourpré (Ardea pupurea), le Crabier chevelu (Ardeola ralloides), la Lusciniole à moustaches (Acrocephalus melanopogon), la Panure à moustaches (Panurus biarmicus), et même parfois l'Aigle criard (Aquila clanga).
Le reste de l'année
Bien entendu, les pourtours du golfe de Fos, et notamment les salines, les marais, les plages et les dunes, sont également intéressants le reste de l'année. Au printemps, des limicoles, des guifettes et des passereaux y font une halte. Des colonies d'Echasses blanches, de Sternes caugek (Sterna sandvicensis), pierregarin (Sterna hirundo) et naine (Sterna albifrons), ainsi que de Mouettes rieuses (Chroicocephalus ridibundus), s'y installent, ...
En avril, depuis la plage Napoléon, il est possible d'assister au passage de Labbes parasites (Stercorarius parasiticus), et plus rarement de Labbes pomarins (Stercorarius pomarinus) ...
D'autres bons secteurs à visiter en hiver
- Les grands étangs de l'Estomac, de Lavauduc, d'Engrenier, de Citis et du Pourra, situés entre le golfe de Fos et l'étang de Berre, sont peu connus, mais ils sont potentiellement très intéressants pour leurs rassemblements de canards, en particulier de Nettes rousses. Le Fuligule nyroca (Aythya nyroca) est noté presque chaque année. Le Butor étoilé et la Grande Aigrette fréquentent les roselières.
- Le vaste étang de Berre est aussi une très importante zone d'hivernage pour les oiseaux aquatiques (canards marins, plongeons, grèbes). Plusieurs points d'observation permettent de les observer, comme le Bastidou, la Pointe, la plage Sainte-Philomène et l'embouchure de l'Arc à Berre-l'étang, ou le terminal pétrolier de La Mède. Rappelons qu'un Pipit à dos olive (Anthus hodgsoni) avait été trouvé dans les prairies des Signolles à Saint-Chamas (voir notre rubrique Observations), ce qui montre bien le potentiel du secteur.
- Plus à l'ouest s'étend la Camargue : il n'est pas possible de citer tous les bons secteurs du delta à visiter en hiver, mais pour voir des canards marins, l'embouchure du Fumemorte (le long de l'étang du Vaccarès) et le golfe de Beauduc (secteur des Saintes-Maries-de-la-Mer) sont réputés.