Cette zone humide de Gironde est notamment renommée pour la diversité et le nombre de limicoles qui y stationnent et y hivernent.
Présentation

Situation de la réserve ornithologique du Teich (Gironde). Carte : Ornithomedia.com |
La réserve ornithologique du Teich couvre 120 hectares. Elle est composée d'habitats variés : marais maritimes, lagunes, roselières, prairies et aulnaies-saulaies.
Les plans d'eau de la réserve communiquent avec le bassin d'Arcachon par un système d'écluses. On distingue quatre ensembles :
- les bassins des parcs des Artigues (2 hectares) et de la Moulette (7 hectares), les plus profonds et les moins salés, car les plus éloignés du bassin. Leur profondeur oscille entre 50 cm et 1 mètre;
- le "Grand Large", le plus grand plan d'eau avec 27 hectares, dont la profondeur moyenne varie de 50 à 60 cm;
- les bassins du parc de Causseyre (100 hectares), aux formes et aux dimensions variées, dont la profondeur varie entre 10 et 40 cm;
- le parc Claude Quancard (10 hectares), très peu profond (entre 1 et 15 cm d'eau), créé en 1982. Ceinturé par une digue, il s'agit d'une vasière artificielle parsemée d'une vingtaine de petits îlots qui accueillent les petits échassiers du bassin chassés par la marée montante. Des observatoires (du tadorne et du bécasseau) ont été installés en bordure. Etant donné sa proximité avec le bassin, sa salinité est importante, voisine de celle de l'eau de mer.
Tous les bassins d'un même ensemble communiquent entre eux par de petits canaux ou des canalisations.
La ville du Teich et le Parc Naturel Régional des Landes de Gascogne, en partenariat avec des associations, ont mené un programme d'aménagements visant à améliorer la qualité biologique de la réserve. 20 observatoires ont aussi été construits. La réserve a également bénéficié de subventions européennes et d'aides du Conseil Général de Gironde et de l’État.
Trois sentiers ont été créés, dont le plus grand, dit "de l'oie", forme une boucle de 4 km et est bordé de 17 observatoires dont quatre surélevés. Le sentier "cigogne" long de 2 km, est destiné aux familles avec enfants et aux personnes se déplaçant avec difficulté. Quant au sentier "rougegorge", il a été conçu pour les enfants.
L'importance des marées
Carte de la réserve ornithologique du Teich et emplacement des observatoires (cliquez sur la carte pour l'agrandir) : (1) observatoire de l'Oie cendrée, (2) observatoire du souchet, (3) observatoire du héron, (4) observatoire de la sarcelle, (5) observatoire de la mouette, (6) observatoire de l'aigrette, (7) observatoire du cormoran, (8) observatoire du chipeau, (9) observatoire de la bécassine, (10) observatoire de la spatule, (11) observatoire du bécasseau, (12) observatoire du tadorne, (13) observatoire du bassin d'Arcachon, (14) observatoire de la gorge-bleue, (15) observatoire du Grèbe castagneux, (16) observatoire de l'Echasse blanche, (17) observatoire du Busard des roseaux, (18) observatoire de la héronnière, (19) observatoire du Râle d'eau, (20) observatoire du Milan noir. Carte : Ornithomedia.com d'après la Réserve ornithologique du Teich |
La réserve du Teich sert d'espace de repos à de nombreux oiseaux (canards, limicoles) qui passent ou hivernent dans le bassin d'Arcachon. Cet espace protégé et non chassé constitue en effet un refuge pour eux. Leurs arrivées sont rythmées par le rythme des marées, et afin "optimiser" votre séjour, il est important de consulter les horaires avant toute visite. La période de marée montante/marée haute (soit environ 5 heures au total) est à privilégier de la mi-juillet à la mi-juin. Par exemple, les échassiers arrivent principalement dans le parc Quancard deux heures avant la marée haute, y dorment, y font leur toilette et s'y nourrissent avant de repartir, deux heures après la marée haute.
Les périodes les plus favorables sont indiquées à l'entrée de la réserve et sur un fichier annuel téléchargeable sur le site web de la réserve. Les fortes marées (coefficient supérieur à 80) (5 à 8 jours tous les 15 jours) sont particulièrement favorables.
Accès
La réserve ornithologique du Teich est facile d'accès depuis Bordeaux (5O km) par la route nationale RN 250 ou par l'autoroute A 66 en direction de Bayonne. Il faut ensuite prendre les sorties "Arcachon" puis "Le Teich". La gare du Teich est située à environ 25 minutes à pied. Des sentiers ponctués de nombreux observatoires permettent ensuite une bonne découverte. La réserve est ouverte toute l'année et l'entrée est payante. Les tarifs et les horaires sont visibles sur Parc-ornithologique-du-teich.com.
Les oiseaux nicheurs
La situation géographique, la variété des habitats et leur richesse expliquent l'importance du delta et de la réserve pour les oiseaux : 318 espèces ont été recensées, dont 80 s'y reproduisent plus ou moins régulièrement.
Parmi les espèces nicheuses, citons les Grèbes huppé (Podiceps cristatus) et castagneux (Tachybaptus ruficollis), le Grand Cormoran (Phalacrocorax carbo) (120 couples en 2007), la Gallinule poule-d'eau (Gallinula chloropus), le Râle d'eau (Rallus aquaticus) (belle densité), la Foulque macroule (Fulica atra), l'Oie cendrée (Anser anser) (dans les prairies humides au sud du parc Claude Quancard), le Tadorne de Belon (Tadorna tadorna), le Canard colvert (Anas platyrhynchos) (plus de 120 couples) et le Cygne tuberculé (Cygnus olor) (15 couples). Les Canards souchet (Anas clypeata), chipeau (Anas strepera) (jamais plus d'un couple) et pilet (A. acuta) (le 29 juillet 2007, une femelle accompagnée de 7 poussins a été observée), la Sarcelle d'hiver (Anas crecca), la Nette rousse (Netta rufina) et le Fuligule milouin (Aythya ferina) (quelques couples) ont déjà niché ou se reproduisent en petit nombre.
Les Bihoreaux gris (Nycticorax nycticorax), Hérons cendrés (Ardea cinerea) (20 couples en 2007) et garde-boeufs (Bubulcus ibis) (10 à 20 couples) l'Aigrette garzette (Egretta garzetta) (400 couples en 2007) forment une colonie mixte dans les saules, visible depuis l'observatoire du héron. En 1997, des Spatules blanches (Platalea leucorodia) adultes ont fréquenté cette colonie et ont échangé des branchages, et en 2005, un couple s'y est reproduit : toutefois, les deux poussins ont été tués par un Milan noir (Milvus migrans). L'installation pérenne de l'espèce est toutefois probable dans le futur.
La Cigogne blanche (Ciconia ciconia) (en baisse, 8 couples actuellement), les Goélands leucophée (Larus machaellis), argenté (Larus argentatus) (nicheur rare) et marin (Larus marinus) (deux couples sédentaires) et le Martin-pêcheur d'Europe (Alcedo atthis) (l'observatoire 20 est très bon) se reproduisent aussi dans la réserve, et des Milans noirs (Milvus migrans) construisent leur aire dans les boisements proches.
Les îlots du parc Quancard sont favorables à la nidification des limicoles : en mai 2013, deux nids de Petits Gravelots (Charadrius dubius), deux d'Avocette élégante (Recurvirostra avosetta) et plus de 30 d'Echasses blanches (Himantopus himantopus) y ont été recensés. Toutefois, un Milan noir a perturbé la reproduction de ces échassiers.
Plusieurs passereaux installent leur nid dans les buissons plantés sur les digues qui bordent les réservoirs : Verdier d'Europe (Chloris chloris), Linotte mélodieuse (Carduelis cannabina), Rousserolle effarvatte (Acrocephalus scirpaceus), Locustelle luscinioïde (Locustella luscinioides), Bouscarle de Cetti (Cettia cetti) et surtout Gorgebleue à miroir (Luscinia svecica), dont la densité dans la réserve (17 à 18 couples) et dans le delta de l'Eyre est remarquable. La Bergeronnette printanière (Motacilla flava) et la Cisticole des joncs (Cisticola juncidis) nichent dans les grandes prairies entretenues par des moutons.

Gorgebleue à miroir (Luscinia svecica), réserve ornithologique du Teich (Gironde) (cliquez sur la photo pour l'agrandir). Photographie : Jacques Gillon |
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Spatules blanches (Platalea leucorodia), réserve ornithologique du Teich (Gironde) (cliquez sur la photo pour l'agrandir). Photographie : Jacques Gillon |
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Pendant les migrations

Vue du parc Claude Quancard, réserve ornithologique du Teich (Gironde). Photographie: Marion B. / Du côté du Teich |
La réserve du Teich est surtout passionnante durant les migrations de printemps et d'automne, en particulier pour observer les limicoles (plus de 37 espèces déjà vues). Ils sont nombreux en avril-mai et en août-octobre, essentiellement dans le parc Claude Quancard. Plus de 24 espèces de limicoles peuvent être vues en avril et près de 26 en septembre.
Les principales espèces de passage sont les Chevaliers gambette (Tringa totanus) et aboyeur (Tringa nebularia), les Bécasseaux variable (Calidris alpina) et maubèche (Calidris canutus), la Barge à queue noire (Limosa limosa), les Courlis cendré (Numenius arquata) et corlieu (N. phaeopus), le Pluvier argenté (Pluvialis squatarola) et le Grand Gravelot (Charadrius hiaticula). Cette vasière artificielle accueille une très grande partie des limicoles du bassin d'Arcachon.
Des espèces rares ou peu communes ont déjà été observées dans la réserve, comme le Chevalier bargette (Xenus cinereus), les Bécasseaux de Temminck (Calidris temminckii), violet (Calidris maritima), à échasses (Calidris himantopus) (première donnée française en 1989, également noté en août 2012 et en août 2013), tacheté (C. melanotos) (plusieurs observations, dont une en juin 2013), à cou roux (Calidris ruficollis) (septembre 2011) et rousset (Tryngites subruficollis), le Chevalier stagnatile (Tringa stagnatilis), la Glaréole à collier (Glareola pratincola), les Phalaropes à bec large (Phalaropus fulicarius), à bec étroit (Phalaropus lobatus) et de Wilson (Phalaropus tricolor) (août 2012), Pluvier fauve (Pluvialis fulva) (novembre 2012), Vanneau sociable (Vanellus gregarius) (septembre 2011), la Mouette de Bonaparte (Chroicocephalus philadelphia)...
De nombreux canards de surface restent quelques jours à la fin de l'hiver sur le grand Large avant de repartir vers le nord.
La Spatule blanche est un autre migrateur symbolique du parc, en mars-mai et en août-novembre, avec un pic en septembre (maximum de 492 oiseaux le 29/09/2009).
Des Goélands cendrés (Larus canus) se nourrissent en mars dans les prairies humides.
Dès le mois de juin et jusqu'en octobre, on assiste à un rassemblement important de Mouettes rieuses (Chroicocephalus ridibundus) entre le Grand Large et le parc Claude Quancard : elles se nourrissent essentiellement sur le bassin d'Arcachon. Les Bécassines des marais (Gallinago gallinago) arrivent surtout à partir du mois d'octobre.
Le Balbuzard pêcheur (Pandion haliaetus) passe en avril et en août-septembre. Le meilleur site pour l'observer est la pointe du Teich : il n'est pas rare d'en repérer plusieurs au repos et en chasse à marée montante lors du passage post-nuptial. Les Cigognes blanche et noire (Ciconia nigra) et des Guifettes moustacs (Chlidonias hybridus) font une halte en août-septembre, et l'on peut rechercher à la même époque la Sterne caspienne (Sterna caspia) (plus rare).
Quelques dizaines de Grues cendrées (Grus grus) font parfois des haltes (courtes) en automne.
Les passereaux, notamment paludicoles, sont nombreux lors de leurs passages, et l'activité de baguage de la réserve figure parmi les plus importantes de France.

Bécasseau à échasses (Calidris himantopus), réserve ornithologique du Teich. Photographie : Erick Laucher |
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Bécasseau rousset (Tryngites subruficollis), réserve ornithologique du Teich (cliquez sur la photo pour l'agrandir). Photographie : Erick Laucher |
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Phalarope de Wilson (Phalaropus tricolor), réserve ornithologique du Teich, août 2012 (cliquez sur la photo pour l'agrandir). Photographie : Claude Feigné |
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Phalarope à bec large (Phalaropus fulicarius), réserve ornithologique du Teich. Photographie : Erick Laucher |
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Bécasseau de Temminck (Calidris temminckii), réserve ornithologique du Teich. Photographie : Claude Feigné |
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Pluvier fauve (Pluvialis fulva), réserve ornithologique du Teich, novembre 2012 (cliquez sur la photo pour l'agrandir). Photographie : Claude Feigné |
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Mouette de Bonaparte (Chroicocephalus philadelphia), réserve ornithologique du Teich. Photographie : Claude Feigné |
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Cigognes blanches (Ciconia ciconia), Cigogne noire (Ciconia nigra) et canards, réserve ornithologique du Teich (cliquez sur la photo pour l'agrandir). Photographie : Erick Laucher |
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En hiver

Cygnes chanteurs (Cygnus cygnus), réserve ornithologique du Teich. Photographie : Erick Laucher |
En hiver, jusqu'en mars, de grands groupes (les effectifs sont toutefois en baisse depuis quelques années) de Canards colvert, souchet et pilet, de Sarcelles d'hiver et surtout de Foulques macroules (l'espèce la plus nombreuse) se forment sur le plan d'eau du Grand Large pour se reposer après s'être nourris à marée basse dans le bassin : on peut très bien les observer depuis l'observatoire 2 (du "souchet").
Des dizaines de Cygnes tuberculés sont visibles, tandis que le Cygne chanteur (Cygnus cygnus) est beaucoup plus rare.
Le Tadorne de Belon est facilement observable.
Le Râle d'eau (l'observatoire du "héron" est recommandé pour cet oiseau), le Grèbe huppé et le Grèbe castagneux sont des hivernants communs.
Des troupes de Bernaches cravants (Branta bernicla) et de Canards siffleurs (Anas penelope) hivernent dans le bassin d'Arcachon et se nourrissent de zostères : ces oiseaux peuvent être vus en vol ou depuis les observatoires du delta et du bassin d'Arcachon (l'usage d'une longue-vue est préférable).
Aigrettes garzettes et Hérons cendrés hivernent en grand nombre dans le bassin d'Arcachon et viennent dormir dans la réserve. Le Butor étoilé (Botaurus stellaris) est un visiteur hivernal rare, et il est parfois vu depuis l'observatoire du héron. La Grande Aigrette (Ardea alba) est une visiteuse de plus en plus commune à cette période de l'année (formation d'un dortoir). Quelques Hérons garde-boeufs hivernent depuis peu (15 en 2006), tout comme la Cigogne blanche.
Les Grands Cormorans sont nombreux et sont faciles à voir entre octobre et mars.
La Mouette rieuse, les Goélands cendré, argenté et leucophée sont présents en hiver.
Quelques Busards des roseaux (Circus aeruginosus) passent la mauvaise saison au Teich, provoquant à leur passage l'envol des canards. C'est le cas aussi parfois du Faucon pèlerin (Falco peregrinus) et du Hibou des marais (Asio flammeus).
La Bécassine des marais et bien d'autres limicoles (Avocette élégante, Vanneau huppé, Pluvier argenté, Courlis cendré...) passent l'hiver au Teich : en particulier, le parc Claude Quancard est un site d'hivernage d'importance internationale pour le Bécasseau variable (15 000 en décembre 1981, 20 000 en décembre 1982). Notez aussi l'hivernage régulier d'un petit nombre de Chevaliers arlequins (Tringa erythropus).
Plus de 200 Spatules blanches passent la mauvaise saison au Teich.
Le Pipit farlouse (Anthus pratensis) et la Bergeronnette grise (Motacilla alba) fréquentent les zones herbeuses, et le Martin-pêcheur d'Europe est facilement observable le long des berges.
Un DVD indispensable

Le DVD "Le Teich, une Histoire d'Hommes et d'Oiseaux" de Laurent Wiitmer est idéal pour préparer ou prolonger sa visite de la réserve. |
Nous vous conseillons le très beau DVD de Laurent Wittmer sélectionné lors du 29ème Festival du Film Ornithologique de Ménigoute et intitulé "Le Teich, une histoire d'Hommes et d'Oiseaux") (durée : 43 minutes). Il peut être commandé sur le site web de FIFO Distribution.
Quelques sites proches à visiter
Plusieurs sites proches de la réserve méritent aussi une visite :
- l'île de Malprat (voir notre carte plus haut) acquise par le Conservatoire du Littoral et des Espaces Lacustres. C'est un ancien marais salant au fort potentiel ornithologique. Des visites guidées sont organisées par la commune de Biganos;
- le domaine de Fleury (voir notre carte plus haut) est un site du Conservatoire du Littoral et des Espaces Lacustres où nichent notamment la Gorgebleue à miroir et la Pie-grièche écorcheur (Lanius collurio). Beaux passages de Cigognes noires et de guifettes;
- les ports et plages de Gujan-Mestras et d'Arcachon en hiver pour le Goéland à bec cerclé (lire Identifier et chercher le Goéland à bec cerclé en France);
- l'Île aux Oiseaux en hiver pour voir les Bernaches cravants, les grèbes, les plongeons et les harles. Elle n'est accessible qu'en bateau (l'Union des Bateliers Arcachonnais organise des visites depuis la jetée Thiers à Arcachon);
- les domaines de Certes et de Graveyron, qui appartiennent au Conservatoire du Littoral et des Espaces Lacustres, et qui sont très riches d'un point de vue ornithologique (lire Observer les oiseaux dans le domaine de Certes);
- la réserve naturelle du Banc d'Arguin, gérée par la SEPANSO.