Ce lac d'origine glaciaire est attractif pour l'hivernage des oiseaux aquatiques, y compris le rare Fuligule nyroca.
Présentation

Situation du lac de Chalain (Jura). Carte : Ornithomedia.com |
Le lac de Chalain est situé sur la commune de Fontenu, dans le département du Jura, à 30 kilomètres à l’est de Lons-le-Saunier.
Ce plan d'eau, dont l'altitude est de 490 mètres, est enchâssé dans une reculée orientée est-ouest entaillant le plateau de Champagnole (ou deuxième plateau) (altitude moyenne de 600 mètres).
Son origine est glaciaire : une langue glaciaire descendant du Haut-Jura, épaisse de 200 mètres, recouvrait le site durant la dernière glaciation de Würm (de - 25 000 à – 18 000 ans). La moraine frontale a fait barrage aux eaux de fonte et a permis la formation du lac. Cette moraine frontale a modifié le cours de la rivière Ain.
Le lac de Chalain est presque de forme rectangulaire, d’une surface de 232 hectares, d’une longueur maximale de 2 700 mètres, d’une largeur maximale de 1 100 mètres et d’une profondeur maximale de 30 mètres.
Il est alimenté, à l’est par les ruisseaux du moulin et de Fontenu, ainsi que par des sources sous-lacustres. Le Bief de l’Oeuf, un exutoire situé au nord-ouest, rejoint la rivière d’Ain au bout de deux kilomètres.
Suite à l’installation en 1904 d’une prise d’eau alimentant l’usine hydro-électrique de Chalain près du Bief de l’Oeuf, un village lacustre occupé du Néolithique (3 800 ans av. J.C.) à l’âge du bronze (800 ans av. J.C.), a été découvert au nord-ouest du lac, près du camping de la Pergola. Ce secteur, classé au titre des monuments historiques depuis 1911, a fait l’objet de fouilles archéologiques, et il est interdit d’accès et clos. Deux maisons sur pilotis ont été reconstituées.
Accès et visite

Carte du lac de Chalain (Jura). Carte : Ornithomedia.com |
Depuis Lons-le-Saunier à l’ouest, il faut traverser Perrigny puis prendre la D 39 vers Doucier : un peu avant ce village, prendre la D 27 vers Marigny.
Il faut compter deux à trois heures minimum, avec un déplacement en voiture entre les points, pour bien prospecter le site.
Il est conseillé de commencer vers la rive nord-ouest, au niveau du camping de la Pergola, même si par temps ensoleillé l’observation se fera à contre jour. Rejoindre ensuite la plage de Doucier au sud-ouest du lac.
Depuis ces deux points, on peut observer les troupes de canards plongeurs (y compris parfois le Fuligule nyroca) qui fréquentent la rive ouest et qui parfois pénètrent dans la ripisylve.
L’ancien CREPS, non loin de la plage de Doucier, est souvent visité par des Grèbes à cou noir.
La visite se terminera à l’est du lac au niveau du domaine de Chalain (propriété du Conseil Général du Jura), où se concentrent les Canards colverts et les Harles bièvres, ainsi que les Garrots à œil d’or.
Un site attractif pour l'hivernage des oiseaux aquatiques

Le Fuligule nyroca (Aythya nyroca) est un visiteur hivernal rare mais régulier sur le lac de Chalain. Photographie : Vincent Palomares |
Plusieurs facteurs rendent le lac très attractif pour l’hivernage des oiseaux d’eau :
- malgré la rudesse des hivers jurassiens, ce lac gèle difficilement en raison de son alimentation par plusieurs sources sous-lacustres à température constante;
- la proximité de la combe d’Ain forme un axe migratoire;
- la mise sous protection du site archéologique, malgré les clôtures entravant le déplacement des animaux, a créé des zones refuges;
- son statut de réserve de chasse ministérielle;
- la taille du plan d’eau et la diversité des milieux qui le bordent.
- En revanche, l’intérêt du lac en période de nidification est fortement amoindri par une forte fréquentation touristique.
Enfin, depuis l’installation de la prise d’eau, le Bief de l’Oeuf n’est plus que très exceptionnellement parcouru par les eaux du lac.
Chaque hiver, d’octobre à février, plusieurs centaines d’oiseaux d’eau sont recensés. Les espèces les plus nombreuses sont le Canard colvert (Anas platyrhynchos), les Fuligules milouin (Aythya ferina) et morillon (Aythya fuligula), la Foulque macroule (Fulica atra), le Grand Cormoran (Phalacrocorax carbo), les Grèbes huppé (Podiceps cristatus) et castagneux (Tachybaptus ruficollis). Le Garrot à œil d’or (Bucephala clangula) est présent tous les hivers avec des effectifs de 10-20 individus, ainsi que le Fuligule nyroca (Aythya nyroca) avec d'un à quatre oiseaux présents chaque année durant la mauvaise saison.
Quelques espèces nordiques plus rares se rencontrent moins régulièrement : Grèbes jougris (Podiceps grisegena), esclavon (Podiceps auritus) et à cou noir (Podiceps nigricollis), Plongeons catmarin (Gavia stellata), arctique (Gavia arctica) et imbrin (Gavia immer), Oie cendrée (Anser anser), Tadorne de Belon (Tadorna tadorna), Eider à duvet (Somateria mollissima), Fuligule milouinan (Aythya marila) et Macreuse brune (Melanitta fusca).
Les Laridés les plus communs sont la Mouette rieuse (Chroicocephalus ridibundus) et le Goéland leucophée (Larus michahellis), le Goéland cendré (Larus canus) et la Mouette pygmée (Hydrocoloeus minutus) étant des visiteurs occasionnels.
On pourra prospecter les ruisseaux proches du Domaine de Chalain à la recherche du Cincle plongeur (Cinclus cinclus).
Durant les passages
Durant la migration, notamment au printemps, de petits groupes de Nettes rousses (Netta rufina), de Sarcelles d’hiver (Anas crecca), de Canards chipeau (Anas strepera) et souchet (Anas clypeata) sont observés ainsi que le Harle bièvre (Mergus merganser), dont les effectifs nicheurs augmentent régulièrement dans le département du Jura.
La Bécassine des marais (Gallinago gallinago) fait une halte sur les berges, notamment dans la partie ouest du lac.
Le Tichodrome échelette (Tichodroma muraria) fréquente parfois les falaises environnantes aux passages.
Durant la période de nidification

Le Milan royal (Milvus milvus) est nicheur dans les forêts qui bordent le lac de Chalain. Photographie : Jens N. Roved / Wikipedia |
Le lac est moins intéressant durant la période de nidification du fait de la forte fréquentation touristique, mais les falaises, les forêts (le bois de Marigny par exemple), les haies et les prairies environnantes méritent alors une visite : elles accueillent en effet le Faucon pèlerin (Falco peregrinus), le Faucon crécerelle (Falco tinnunculus), les Milans royal (Milvus milvus) et noir (Milvus migrans), la Buse variable (Buteo buteo), l’Epervier d’Europe (Accipiter nisus), l’Autour des palombes (Accipiter gentilis), les Pouillots siffleur (Phylloscopus sibilatrix) et de Bonelli (Phylloscopus bonelli), les Pies-grièches écorcheur (Lanius collurio) et grise (Lanius excubitor) (devenue très rare) ainsi que le Grand Corbeau (Corvus corax).
En 2008, un couple de Cigognes blanches (Ciconia ciconia) a niché sur la rive nord du lac, malheureusement les poussins, âgés de deux jours, ont été tués par un orage de grêle très violent.
Des colonies d'Hirondelle de rivage (Riparia riparia) et de Guêpiers d'Europe (Merops apiaster) sont installées sur les berges de l'Ain, à quelques kilomètres du lac.
La retenue du Blye
Une visite en hiver de la retenue de Blye sur l’Ain, distante d’environ six kilomètres à vol d’oiseau et située au sud-ouest du lac de Chalain, est aussi conseillée car de nombreux oiseaux passent régulièrement d’un site à l’autre.
Ce site est également intéressant à la fin de l'été et en automne : le Balbuzard pêcheur (Pandion haliaetus) est alors régulier. La LPO Franche-Comté y organise des camps de baguage à cette période.