La côte entre Port-Diélette et le cap de la Hague est propice à l’observation des oiseaux, notamment à partir de la fin de l’été.
1- La côte entre Port-Diélette et Siouville-Hague
Situation du cap de la Hague (Manche). Carte : Ornithomedia.com |
Ancien port d'exploitation et d'exportation de granit puis de minerai de fer, Diélette est aujourd'hui une station équipée d'une marina. Entre celle-ci et le village voisin de Siouville-Hague s'étend une côte où se succèdent petites falaises, dunes et plages. Par endroits, un platier rocheux est visible à marée basse.
Accès : depuis Cherbourg-Octeville au nord, prendre la D 650 jusqu'aux Pieux, puis la D 23 jusqu'à Diélette. Suivre ensuite sur 2 km environ le sentier qui longe la côte jusqu'au lieu-dit de la Bergerie (voir sa localisation sur Google Maps), à l'extrémité sud de la grande plage de Siouville.
Les oiseaux : la Fauvette grisette (Sylvia communis), le Tarier pâtre (Saxicola rubetra) et la Buse variable (Buteo buteo) font partie des nicheurs des haies et des landes qui s’étendent le long de la côte. Le Grand Corbeau (Corvus corax), nicheur dans le nord-ouest du Cotentin, peut être vu toute l'année. C'est surtout à la fin de l'été et en automne que cette partie de la côte est intéressante : les petites haies composées de ronces, de fougères et de lierre offrent un abri aux passereaux migrateurs (pouillots, roitelets, fauvettes…), et les Traquets motteux (Oenanthe oenanthe) et les Pipits farlouses (Anthus pratensis) de passage se nourrissent dans les prés, accompagnés parfois d’autres espèces. Les Mouettes rieuses (Chroicocephalus ridibundus) et les Goélands argenté (Larus argentatus), brun (L. fuscus) et marin (L. marinus) (plus rare) patrouillent le long du rivage. Illustration de l'expansion de l'espèce vers le Nord, de petits groupes d’Aigrettes garzettes (Egretta garzetta) se nourrissent sur les plages ou dans les rochers, comme les Bergeronnettes grises (Motacilla alba).
Carte du nord-ouest du Cotentin et sites à visiter : (1) la côte entre Port-Diéville et Siouville-Hague, (2) la réserve naturelle de la Mare de Vauville, (3) le Nez de Jobourg, (4) le port de Goury, (4) le cap de la Hague. Carte : Ornithomedia.com |
Lors du passage postnuptial, des limicoles font une halte et se nourrissent de petits invertébrés : le Courlis corlieu (Numenius phaeopus), la Barge rousse (Limosa lapponica), les Bécasseaux variable (Calidris alpina) et sanderling (C. alba) ou l'Huîtrier-pie (Haematopus ostralegus) sont les plus nombreux. Le Fou de Bassan (Morus bassanus), nicheur dans les îles anglo-normandes voisines, est facile à voir à partir de la fin du mois de juillet, longeant la côte ou pêchant. Les cris stridents des Sternes caugeks (Sterna sandvicensis) de passage aident à les repérer. D’autres oiseaux marins en migration peuvent être recherchés : labbes, puffins, Petits Pingouins (Alca torda). En hiver, des grèbes ou un éventuel plongeon peuvent être notés.
2- La réserve naturelle nationale de la Mare de Vauville
Cette réserve de 60 hectares est située sur la commune de Vauville. Elle protège une longue lagune côtière isolée de la mer par un massif dunaire planté d’oyats. Elle appartient au Conservatoire du Littoral et est gérée depuis 1983 par le Groupe Ornithologique Normand (GONm). Sa richesse botanique est remarquable : plus de 330 espèces de plantes y ont été recensées, dont quatre sont protégées au niveau national. 24 espèces de mammifères, 19 d’amphibiens (dont le Pélodyte ponctué) et de reptiles, et plus de 550 d'insectes (dont plusieurs libellules) ont été recensées, et près de 150 espèces d'oiseaux y ont déjà été observées.
Accès : depuis Siouville-Hague au sud, rejoindre Vasteville, Biville puis Vauville (profitez-en pour visiter le très beau jardin botanique du château) : la réserve est indiquée depuis le centre du village. Il faut se garer sur l'aire de stationnement derrière les dunes, ouvrir la porte et suivre le sentier de découverte (voir la localisation de la lagune sur Google Maps).
Les oiseaux : lors du passage migratoire printanier, il est possible d'observer des Guifettes noires (Chlidonias niger), des Sternes pierregarin (Sterna hirundo), caugek et naine (Sternula albifrons) pêchant sur la lagune et le long de la plage, et des groupes de canards de surface font une halte. Plusieurs espèces remarquables nichent dans les dunes et sur la plage dont le Gravelot à collier interrompu (Charadrius alexandrinus), le Grand Gravelot (Charadrius hiaticula), l'Hirondelle de rivage (Riparia riparia) et le Traquet motteux.
La grande roselière est le domaine du Busard des roseaux (Circus aeruginosus), du Grèbe castagneux (Tachybaptus ruficollis), du Râle d'eau (Rallus aquaticus), de la Rousserolle effarvatte (Acrocephalus sciparceus), du Phragmite des joncs (Acrocephalus schoenobaenus), de la Bouscarle de Cetti (Cettia cetti). Les Fuligules morillon (Aythya fuligula) et milouin (A. ferina), les Canards colvert (Anas platyrhynchos) et souchet (A. clypeata) et la Sarcelle d'hiver (Anas crecca) se reproduisent ou se sont déjà reproduits dans la réserve. Les quelques prairies humides accueillent au printemps la Bergeronnette printanière (Motacilla flava), le Vanneau huppé (Vanellus vanellus) et parfois le Courlis cendré (Numenius arquata). Les bosquets à l'arrière de la lagune accueillent notamment le Faucon hobereau (Falco subbuteo) et l'Épervier d'Europe (Accipiter nisus).
Le Phragmite aquatique (Acrocephalus paludicola) s'arrête régulièrement en août et en septembre. Des sternes et des guifettes sont de passage, et des Aigrettes garzettes et des Hérons cendrés (Ardea cinerea) pêchent sur les rives. En automne et en hiver, des canards de surface, des Foulques macroules (Fulica atra) et des grèbes stationnent sur la lagune. Le Butor étoilé (Botaurus stellaris), la Bécassine des marais (Gallinago gallinago) et la Panure à moustaches (Panurus biarmicus) sont des hivernants réguliers. Des limicoles se rassemblent sur la plage à partir de la fin de l’été, principalement le Courlis corlieu, la Barge rousse et les Bécasseaux variables, sanderling et maubèche (Calidris canutus).
Les Plongeons arctique, catmarin et imbrin et les Grèbes esclavon (Podiceps auritus), à cou noir (Podiceps nigricollis) et jougris (P. grisegena) stationnent parfois en mer et peuvent être vus depuis la plage. La Mouette mélanocéphale (Ichthyaetus melanocephalus) est régulière à cette période.
Des raretés sont possibles, comme ce Grèbe à bec bigarré (Podilymbus podiceps) qui a séjourné sur la lagune du 20 mars 1995 au 30 avril 1995 ou ce Pouillot de Pallas (Phylloscopus proregulus) trouvé en octobre 2005 dans les buissons (source : Comité d'Homologation National).
Vue de la Mare de Vauville (Manche). Photographie : Ornithomedia.com |
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Vue de la Mare de Vauville (Manche) depuis une colline proche. Photographie : Ornithomedia.com |
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3- Les falaises des Nez de Jobourg et de Voidries
Le Cormoran huppé (Phalacrocorax aristotelis) niche sur les falaises du Nez de Jobourg Photographie : Andreas Trepte / Wikimedia Commons |
Sur 3,5 km de long, entre la baie d'Ecalgrain au nord et l'anse de Pivette au sud s'étendent les hautes falaises (pouvant dépasser les 110 mètres de haut) des Nez de Jobourg et de Voidries, deux caps granitiques (le mot "naes" signifie "cap" en vieux scandinave). La lande sommitale est dominée par les bruyères et les ajoncs. Cette portion de côte accueille plusieurs oiseaux nicheurs intéressants et bénéficie depuis 1995 d'un Arrêté Préfectoral de Protection de Biotope. Une réserve ornithologique a en outre été créée.
Accès : depuis Vauville au sud, rejoindre Baumont-Hague puis Jobourg par la D 901. La réserve du Nez de Jobourg est bien indiquée (voir sa localisation sur Google Maps).
Les oiseaux : plusieurs couples de Cormorans huppés (Phalacrocorax aristotelis) (une espèce en déclin ici) et de Goélands argenté et marin nichent dans les falaises. Le Fulmar boréal (Fulmarus glacialis) y a disparu il y a quelques années. Le Faucon pèlerin (Falco peregrinus) (un couple), le Grand Corbeau, le Choucas des tours (Coloeus monedula) et le Pigeon colombin (Columba oenas) nichent aussi sur les parois rocheuses. L'Huîtrier-pie et le Pipit maritime (Anthus petrosus) (en diminution) (lire Différencier les Pipits maritime, spioncelle et farlouse en hiver) se reproduisent au pied des falaises. Les landes sont le domaine de la Locustelle tachetée (Locustella naevia), de la Fauvette grisette, du Tarier pâtre et de la Fauvette pitchou (Sylvia undata).
Au printemps (mars-mai) et en automne, on peut assister au passage des oiseaux marins (lire Observer et identifier les oiseaux en haute mer) : Fous de Bassan, labbes, puffins, sternes et mouettes, macreuses, Alcidés (Petit Pingouin surtout), plongeons (trois espèces), grèbes, macreuses... Le Bécasseau violet (Calidris maritima), le Tournepierre à collier (Arenaria interpres) et l'Huîtrier-pie se nourrissent sur les rochers lors de leur passage postnuptial et en hiver.
Durant la mauvaise saison, des plongeons et des grèbes stationnent parfois dans les anses, à l'abri des tempêtes. Des groupes d'Eiders à duvet (Somateria mollisima) peuvent aussi être notés, l'ouest du Cotentin constituant la principale zone d'hivernage de l'espèce en France (lire Identifier les sous-espèces de l'Eider à duvet). Le Bruant des neiges (Plectrophenax nivalis) (rare) peut être vu en hiver se nourrissant dans les zones rases et le long des sentiers.
4- Port de Goury
Vue du phare du Gros du raz depuis le port de Goury : notez le platier rocheux qui se découvre à marée basse. Photographie : Ornithomedia.com |
Le petit port pittoresque de Goury se trouve juste en face de l'île anglo-normande d'Aurigny, sur la commune d'Auderville. Un phare (du Gros du Raz) y a été édifié sur des rochers émergés à marée basse, à quelques centaines de mètres du rivage. De petites mares d'eau saumâtre bordées d’une végétation halophile (salicornes) s'étendent derrière le cordon de galets.
Accès : depuis Jobourg, prendre la D 901 jusqu'à Auderville, puis la D901 jusqu'au port de Goury (voir sa localisation sur Google Maps).
Les oiseaux : dès la fin de l'été et en automne, le petit marais salant derrière le cordon de galets peut accueillir des limicoles comme le Grand Gravelot ou le Bécasseau variable, et les Aigrettes garzettes s'y nourrissent activement. La marée basse découvre un platier rocheux qui s’étend du rivage au phare : des limicoles comme le Tournepierre à collier et l'Huîtrier-pie se nourrissent sur les rocheux ou dans les flaques laissées par la mer. A marée montante, des groupes de Bécasseaux sanderling et maubèche peuvent se reposer sur les rochers émergés. La petite baie bordée d'un cordon de galets et les prairies arrière-littorales sont favorables aux passereaux en automne : des pipits, des bergeronnettes et des Étourneaux sansonnets (Sturnus vulgaris) se déplacent en groupes, et un Bruant des neiges n’est pas impossible (par exemple, un individu a été vu le 7 octobre 2011). Un Faucon émerillon (Falco columbarius) en chasse n'est pas impossible...
En hiver et au début du printemps, les mares peuvent accueillir la Bernache cravant (Branta bernicla), le Tadorne de Belon (Tadorna tadorna), le Chevalier gambette (Tringa totanus), la Bécassine des marais (Gallinago gallinago), les Bergeronnettes grise et de Yarrell (M. a. yarrellii), les Pipits farlouse et maritime, le Héron cendré...
Sur la plage et sur les îlots autour du phare, on peut observer entre autres le Grand Gravelot, le Tournepierre à collier, le Bécasseau violet, le Grand Cormoran (Phalacrocorax carbo) et le Cormoran huppé. En mer, le Fou de Bassan, les Goélands argenté et brun et les grèbes sont nombreux. Un plongeon peut stationner à cette période de l’année. Des raretés ont déjà été vues sur ce site, comme la Bernache à cou roux (Branta ruficollis) ou le Traquet pie (Oenanthe pleshanka) (source : Comité d'Homologation National).
Petites mares saumâtres derrière le cordon de galets à Goury : elles attirent des limicoles lors des passages. Photographie : Ornithomedia.com |
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L'Huîtrier pie (Haematopus ostralegus) est facile à voir autour du port de Goury. Photographie : Andreas Trepte / Wikimedia Commons |
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5- Cap de la Hague
Des milliers de Fous de Bassan (Morus bassanus) en migration sont visibles depuis le cap de la Hague. Photographie : Ken Billington / Wikimedia Commons |
Le cap de la Hague est situé à l’extrémité nord-ouest du Cotentin : il constitue donc un très bon site pour étudier le passage des oiseaux marins. Le meilleur point d’observation se situe entre le port de Goury et le sémaphore du cap de La Hague, face à l’île d’Aurigny.
Accès : à la sortie du village de Goury, tournez à droite vers le sémaphore. Continuez sur la petite route jusqu'à un grand blockhaus. Garez votre véhicule et installez-vous à l'abri du vent (voir la localisation du site d’observation sur Google Maps).
Les oiseaux : le cap de la Hague est très intéressant pour observer les passages prénuptial (mars-mai) et postnuptial (juillet-novembre) des oiseaux marins.
Au printemps (mars-mai), plus de 2 000 Bernaches cravants et autant de Macreuses noires, quelques centaines de Plongeons catmarins, plusieurs dizaines de Plongeons arctiques et des Plongeons imbrins, des centaines d’Eiders à duvet (surtout en mars), quelques dizaines de Fulmars boréaux, quelques labbes, essentiellement parasites (Stercorarius parasiticus) (avril-mai), quelques dizaines de canards de surface et de Tadornes de Belon, plusieurs centaines de limicoles, essentiellement des Huîtriers-pie, des Barges rousses et des Courlis corlieux, des centaines de Mouettes tridactyle (Rissa tridactyla), rieuse et mélanocéphale et quelques Mouettes de Sabine (Xema sabini), quelques milliers de Sternes caugek et quelques centaines de Sternes pierregarins, plusieurs centaines de Petits Pingouins, des milliers de passereaux (10 000 en moyenne chaque année), essentiellement des hirondelles, des Bergeronnettes printanières et des Chardonnerets élégants (Carduelis carduelis) sont vus chaque année.
En automne, le Fou de Bassan est l'espèce la plus nombreuse (près de 20 000 oiseaux chaque année). Plus de 1 000 puffins, essentiellement des Puffins des Baléares (Puffinus mauretanicus), mais aussi des Anglais (Puffinus puffinus) et fuligineux (P. griseus) sont dénombrés en moyenne entre août et octobre. Des centaines de labbes, surtout des Grands Labbes (Stercorarius skua), quelques milliers de Sternes caugek et pierregarin, des Mouettes tridactyle, rieuse et de Sabine (plus rare), quelques centaines de Bernaches cravants et de Macreuses noires, près de 2 000 Petits Pingouins, des milliers (25 000 en moyenne chaque année) de passereaux, essentiellement des Étourneaux sansonnets et des Pinsons des arbres (Fringilla coelebs), mais aussi des Pipits farlouses et des Bergeronnettes grises, sont notés.
Lors des deux passages, quelques rapaces comme le Balbuzard pêcheur (Pandion haliaetus), le Milan noir (Milvus migrans), les Busards des roseaux et Saint-Martin (Circus cyaneus), les Faucons émerillon et hobereau (Falco subbuteo) ou le Hibou des marais (Asio flammeus) peuvent être vus.
En hiver, des Bécasseaux violets, des Tournepierres à collier et des Huîtriers-pie se nourrissent sur les rochers émergés à marée basse, et des plongeons, des grèbes et des Eiders à duvet stationnent en mer.
D'autres sites d'observation
Il est conseillé de visiter les îles anglo-normandes qui s'étendent à l'ouest du Cotentin, comme celle de Jersey (lire Observer les oiseaux sur l'île de Jersey) : elles sont attractives aussi bien durant la période de nidification que durant les migrations et en hiver.
Au sud-ouest du Cotentin, les petits estuaires (havres) qui se succèdent le long de la côte constituent des sites d'hivernage intéressants : ils accueillent en particulier quelques centaines de Bernaches cravants à ventre pâle (Branta bernicla hrota) (lire Observer les oiseaux dans les havres du Cotentin).
Au nord-est du Cotentin, les marais de Vrasville et de Réthoville constituent un site ornithologique très favorable durant les migrations et en hiver (lire Les oiseaux des marais de Réthoville et de Vrasville)
Au sud-est de la presqu'île, une visite de l'Espace Naturel Sensible des Ponts d'Ouves (lire Les oiseaux de l'Espace Naturel Sensible des Ponts d'Ouve) vous donnera un bon aperçu de l'avifaune des marais de Carentan.