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La baie des Veys (Manche), une zone humide méconnue

L’hiver est une bonne période pour visiter cette baie et y observer notamment des milliers de canards, d'oies et de limicoles.

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La baie des Veys (Manche), une zone humide méconnue

Vasières vues depuis la pointe de Brévands (Manche).
Photographie : A. Piquet / Parc naturel régional des Marais du Cotentin et du Bessin

De chaque côté de la presqu’île du Cotentin (Manche) s’étendent deux zones humides d’un grand intérêt : la baie du Mont-Saint-Michel à l’ouest et la baie des Veys à l’est. Cette dernière reçoit les eaux de quatre fleuves qui irriguent le parc naturel régional des Marais du Cotentin et du Bessin : la Douve et la Taute, la Vire et l'Aure. Le mélange des eaux douces et salées et l’importante sédimentation sont à l’origine d’un écosystème très productif composé de vasières (slikke) et de prés salés (schorre). Au 19ème et au 20ème siècle, 18 km de digues ont été construits pour créer plusieurs centaines d’hectares de polders. Cette mosaïque d’habitats et la situation de ce site le long d’une importante voie de migration côtière expliquent son importance ornithologique. Plusieurs milliers d’oiseaux aquatiques, essentiellement des canards, des oies (dont la Bernache nonnette, devenue quasiment régulière) et des limicoles, y stationnent durant les migrations ou y hivernent chaque année. Des espèces nordiques comme le Hibou des marais ou le Bruant des neiges peuvent être notées en hiver. Une colonie de Phoques veaux-marins est aussi présente.
Nous vous présentons plusieurs bons coins pour observer les oiseaux dans la baie. Nous remercions Benoît Lecaplain (du parc naturel régional des Marais du Cotentin et du Bessin) et Hervé Lefébure pour nous avoir aidés à rédiger et/ou à illustrer cet article.

Abstract

On each side of the peninsula of Cotentin (department of Manche) extend two wetlands of great interest: the Bay of Mont-Saint-Michel to the west and the Bay of Veys to the east, which is much less known. It receives the water from four rivers that cross the Regional Park of Cotentin and Bessin Marshes: the Douve, the Taute, the Vire and the Aure. The meeting of fresh and salt waters and the high level of sedimentation have created a highly productive ecosystem of mudflats and salt marshes. In the 19th and 20th centuries, 18 km of levees were built to create several hundred hectares of polders. This mosaic of habitats and the situation of the site along a important flyway explain its ornithological importance. Thousands of birds, mainly ducks, geese (the Barnacle Goose has become almost regular) and shorebirds station there during migration and/or winter there each year. Northern species such as Short-eared Owl or Snow Bunting can be found in winter. A colony of Harbour Seals is also present.
We present you several good places for birdwatching in the bay. We thank Benoît Lecaplain (Regional Park of Cotentin and Bessin Marshes) and Hervé Lefébure for their help to write and/or illustrate this article.

Les habitats de la baie des Veys

Situation de la baie des Veys (Manche)

Situation de la baie des Veys (Manche).
Carte : Ornithomedia.com

La baie des Veys est composée de différents habitats : bocage, polders (parsemés de mares et sillonnés par des canaux), dunes, plages, prés salés (ou herbus ou schorre) (uniquement submergés aux grandes marées) et vasières (slikke) (recouvertes à chaque marée haute).  
Les polders de la baie des Veys (Petit Saint-André, Rouff, Sainte-Marguerite, Saint-Clément et Carmel, Sainte-Marie-du-Mont) ont été créés au 19ème et au 20ème siècle. Ce sont des étendues planes (l’altitude moyenne est de deux à trois mètres) dépourvues de végétation arbustive, pâturées ou cultivées (céréales) et bordées de hautes digues. Plusieurs inventaires botaniques dans la baie ont permis de détecter des espèces protégées ou menacées comme le Vulpin bulbeux (Alopecurus bulbosus) dans les prairies les plus anciennes, le Polypogon de Montpellier (Polypogon monspeliensis) dans les prés salés ou la Fougère langue de serpent (Ophioglossum vulgatum) et la Renoncule de Baudot (Ranunculus peltatus baudotii) en bordure ou dans les mares et les fossés légèrement salés. Les prés salés à Obione (Obione portulacoides), salicorne (Saliconia sp.) et spartine (Spartina sp.) et les vasières (slikke) couvrent de grandes surfaces. 

Protection et gestion

Vue de la réserve naturelle du domaine de Beauguillot

Vue de la réserve naturelle du domaine de Beauguillot (Manche) (cliquez sur la photo pour l'agrandir).
Photographie : J.-F. Elder / Parc naturel régional des Marais du Cotentin et du Bessin

La baie des Veys fait partie du parc naturel régional des Marais du Cotentin et du Bessin. Au sud de la baie, les polders de Petit Saint-André, de Rouff, de Sainte-Marguerite, de Saint-Clément et du Carmel ont été classés en 1988 en réserve de chasse (152 hectares). Celle-ci fait partie des 184 hectares acquis par le Conservatoire du Littoral et des Espaces Lacustres et gérés par le Syndicat Mixte des Espaces Littoraux de la Manche (SyMEL). Les objectifs du plan de gestion sont de restaurer et de conserver l'originalité des habitats (par la fauche et le pâturage), de contrôler le niveau et la qualité des eaux et de favoriser l'accueil de l'avifaune migratrice et nicheuse. Le Conservatoire du Littoral travaille aussi sur un projet de "dépoldérisation" d’une partie du site. L’Association Syndicale Autorisée des polders de Brévands intervient sur une superficie de près de 535 hectares : son but est d’assurer l’entretien et la conservation en bon état des digues.
A l’ouest de la baie, la réserve naturelle du domaine de Beauguillot s’étend sur 538 hectares, dont 356 appartiennent au Conservatoire du Littoral (le reste fait partie du domaine public maritime). Des observatoires ont été construits le long du chemin qui mène à la mer. Cette réserve est gérée par le parc naturel régional des Marais du Cotentin et du Bessin. Le polder sud, qui appartient à la commune de Sainte-Marie-du-Mont, a été classé en réserve de chasse.   

Des milliers de limicoles et de canards

Bécasseaux variables (Calidris alpina)

Bécasseaux variables (Calidris alpina) en plumage internuptial dans la baie des Veys (Manche) (cliquez sur la photo pour l'agrandir).
Photographie : Hervé Lefébure

La baie des Veys est une zone humide de première importance pour les oiseaux. Des dizaines de milliers de limicoles y stationnent chaque année au printemps (avril-mai) et en automne (août-novembre) ou y hivernent (plus de 25 000 oiseaux sont comptés régulièrement à cette période) : c’est le cas de l’Huîtrier pie (Haematopus ostralegus) (plus de 10 000 comptés en janvier 1997 lors d’une vague de froid), du Grand Gravelot (Charadrius hiaticula) (plus de 3 % des oiseaux européens en mai), des Bécasseaux variable (Calidris alpina) (l’espèce la plus nombreuse avec près de 5 % des hivernants hexagonaux) et sanderling (Calidris alba) (près de 10 % des hivernants de France), du Pluvier argenté (Pluvialis squatarola) (près de 5 % des hivernants français) et du Courlis cendré (Numenius arquata). Parmi les autres échassiers visibles lors des passages ou en hiver, citons la Barge rousse (Limosa lapponica), le Chevalier gambette (Tringa totanus), le Pluvier doré (Pluvialis apricaria), le Vanneau huppé (Vanellus vanellus) et l'Avocette élégante (Recurvirostra avosetta). Pour l’observation des limicoles, il faut privilégier la marée montante.
Les Veys sont également très importants pour les anatidés de passage ou hivernants, et principalement pour la Sarcelle d’hiver (Anas crecca) (1,2 % des hivernants européens), les Canards colvert (Anas platyrhynchos), pilet (Anas acuta) (jusqu’à 4 % des migrateurs européens au printemps), siffleur (A. penelope) (5 % des hivernants français) et souchet (Anas clypeata) (jusqu’à 3 % des migrateurs européens au printemps). A la mi-janvier, de 9 000 à 14 000 canards sont présents. L’Oie cendrée (Anser anser) et le Tadorne de Belon (Tadorna tadorna) stationnent et/ou hivernent avec des effectifs conséquents.

Canards dans la réserve naturelle du domaine de Beauguillot

Canards pilet (Anas acuta) et souchet (A. clypeata) et Sarcelles d'hiver (Anas crecca) dans la réserve naturelle du domaine de Beauguillot (Manche) (cliquez sur la photo pour l'agrandir).
Photographie : Hervé Lefébure

La baie des Veys est le site français le plus septentrional pour l’hivernage régulier de la Bernache cravant (Branta bernicla) (jusqu’à 1 000 oiseaux en janvier). Depuis quelques années, la Bernache nonnette (Branta leucopsis) est devenue régulière dans la réserve de Beauguillot (lire L'expansion de la Bernache nonnette : après la Belgique, la France ?). Des centaines de Foulques macroules (Fulica atra) passent également la mauvaise saison dans la baie.
Le Héron cendré (Ardea cinerea), l’Aigrette garzette (Egretta garzetta), la Grande Aigrette (Ardea alba) et le Grand Cormoran (Phalacrocorax carbo) sont d’observation courante durant la période internuptiale.
Des dizaines de milliers de passereaux (grives, pinsons, étourneaux, pipits…) et de Pigeons ramiers (Columba palumbus) survolent la baie ou s’arrêtent en automne (dans les polders essentiellement). Des passereaux paludicoles comme la Rousserolle effarvatte (Acrocephalus scirpaceus) et le Phragmite des joncs (Acrocephalus schoenebanus) font une halte en août-septembre dans les rares roselières. Il faut rechercher la Marouette ponctuée (Porzana porzana) et le Râle d'eau (Rallus aquaticus) à cette période (ce dernier est également hivernant).
Plusieurs rapaces profitent de ces rassemblements : Faucon pèlerin (Falco peregrinus), Hibou des marais (Asio flammeus), Busards des roseaux (Circus pygargus) et Saint-Martin (Circus cyaneus).
Le Martin-pêcheur d'Europe (Alcedo atthis) pêche en hiver le long des chenaux et des cours d'eau.
Des passereaux nordiques peu communs comme les Bruants des neiges (Plectrophenax nivalis) et lapon (Calcarius lapponicus) sont parfois vus le long des digues, des plages et des dunes.
Au printemps, plusieurs espèces nichent dans les prairies, en particulier la Bergeronnette flavéole (Motacilla flava flavissima) et le Vanneau huppé (Vanellus vanellus). Le Tadorne de Belon creuse ses terriers dans les dunes. Le Grèbe castagneux (Tachybaptus ruficollis), le Phragmite des joncs et la Rousserolle effarvatte se reproduisent dans les roselières. La Gorgebleue à miroir (Luscinia svecica) se reproduit très localement dans les saules.
Outre les oiseaux, la baie des Veys accueille aussi une colonie d'une centaine de Phoques veaux-marins (Phoca vitulina) (la deuxième de France). Pour les observer, la marée basse est conseillée.

Carte de la baie des Veys et bons points d'observation

Carte de la baie des Veys et bons secteurs ornithologiques. Les traits verts signalent les limites des réserves et les points rouges indiquent les sites de rassemblements d'oies, de canards, de bernaches ou de limicoles et un bon secteur à passereaux nordiques (cliquez sur la carte pour l'agrandir).
Carte : Ornithomedia.com

Polders, port et pointe de Brévands

Il s’agit d’un vaste ensemble de polders séparés de la mer par des digues. Quelques roselières se sont développées le long du canal de Carentan à la mer, par exemple près du petit port de Brévands.

Accès : à partir du port de Carentan, prendre la direction de la Pointe de Brévands. Après avoir longé le canal et sa frange de roseau, faire ensuite une petite halte dans la roselière du petit port de Brévands (près de la salle des fêtes). Rejoindre ensuite la pointe de Brévands, et observer depuis la digue (en restant discret).

Les oiseaux : la pointe de Brévands est avec la réserve de Beauguillot l’un des meilleurs sites de la baie des Veys pour voir les limicoles, les canards et les bernaches en migration et en hivernage (janvier, février et mars sont les meilleurs mois). Les polders accueillent de nombreux Canards siffleur (4 % des hivernants français), pilet (plutôt en mars-avril), souchet et colvert et des Tadornes de Belon. Les troupes de Bernaches cravants sont faciles à voir sur les herbus, mais d’autres oies sont possibles.
Outre les anatidés, la pointe de Brévands est idéale pour observer les milliers de limicoles qui transitent par la baie durant les passages ou en hiver, comme les Bécasseaux variables, les Huîtriers pie(s), les Pluviers argentés, les Courlis cendrés et les Chevaliers gambettes. Des espèces rares ont déjà été observées sur ce site, comme le Bécasseau tacheté (Calidris melanotos) et le Bécasseau rousset (Tryngites subruficollis) (polders).
L’Aigrette garzette pêche souvent sur les vasières.
Des Bruants lapons et des neiges peuvent être repérés, surtout en novembre et en décembre, sur les digues, voire même sur le chemin d'accès à la pointe. Il existe aussi une donnée de Linotte à bec jaune (Carduelis flavirostris) dans les polders. Le Busard des roseaux est visible entre novembre et mars dans le secteur, et le Hibou des marais chasse régulièrement à cette période dans les prairies et peut être repéré depuis la digue. Le Butor étoilé (Botaurus stellaris) est parfois noté en hiver dans la roselière proche du port de Brévands, et la Gorgebleue à miroir y niche. La Bergeronnette flavéole (assez facile à voir depuis la route d’accès) et le Pipit farlouse (Anthus pratensis) nichent au printemps dans les prairies proches de la pointe.
La pointe de Brévands est le meilleur site de la baie pour voir les Phoques veaux-marins, surtout d'août à octobre.

Herbus

Herbus vus de la pointe de Brévands (Manche) (cliquez sur la photo pour l'agrandir).
Photographie : A. Piquet / Parc naturel régional des Marais du Cotentin et du Bessin
Limicoles

Rassemblement de limicoles à marée haute dans la baie des  Veys (Manche) (cliquez sur la photo pour l'agrandir).
Photographie : Parc naturel régional des Marais du Cotentin et du Bessin
Bernaches cravants (Branta bernicla)

Bernaches cravants (Branta bernicla) dans la baie des  Veys (Manche) (cliquez sur la photo pour l'agrandir).
Photographie : Parc naturel régional des Marais du Cotentin et du Bessin
Butor étoilé (Botaurus stellaris)

Butor étoilé (Botaurus stellaris) peut être observé en hiver dans la roselière proche du port de Brévands.
Photographie : Parc naturel régional des Marais du Cotentin et du Bessin

Réserve naturelle du domaine de Beauguillot et polders de Ste-Marie-du-Mont

Vue de la réserve naturelle du domaine de Beauguillot

Vue de la réserve naturelle du domaine de Beauguillot (Manche) (cliquez sur la photo pour l'agrandir).
Photographie : J.-F. Elder / Parc naturel régional des Marais du Cotentin et du Bessin

Un ensemble protégé de plus de 500 hectares composé de prairies inondables, d’herbus et de vasières.

Accès : depuis Carentan, prendre la N 13 en direction de Sainte-Mère-l’Eglise. À 3,5 km, prendre la D 91 en direction de Vierville, puis la D 329 vers Poupeville et le hameau de la Petite Dune : l’entrée de la réserve se situe juste après. Un sentier bordé d’observatoires mène jusqu’à la digue isolant les polders de la mer.

Les oiseaux : les prairies inondées de Beauguillot accueillent entre novembre et avril des milliers d’anatidés (canards, oies) (85 % des Canards siffleurs et 65 % des Sarcelles d’hiver hivernant dans la baie s’y concentrent). Des troupes d’Oies cendrées (Anser anser) et d’Oies rieuses (Anser albifrons) sont régulières, et depuis quelques années, un groupe de quelques centaines de Bernaches nonnettes y stationne : on peut les voir depuis le sentier qui traverse la réserve.
De nombreux limicoles se rassemblent à marée haute dans ces prairies inondées d’août à mars : chevaliers, barges, courlis, Pluviers argentés, Huîtriers pie(s) et bécasseaux dont les Bécasseaux de Temminck (Calidris temminckii) et cocorli (C. ferruginea) (en automne). Quelques centaines de Grands Cormorans sont présents durant la mauvaise saison, et des groupes de Pigeons colombin (Columba oenas) et ramier se nourrissent dans les prés. Le Busard des roseaux et le Faucon pèlerin sont attirés par ces attroupements.
Le point d’observation sur la digue, à l’extrémité du chemin, offre une bonne vue sur les herbus et sur la baie.
Des raretés ont déjà été vues, comme la Buse pattue (Buteo lagopus), la Bernache à cou roux (Branta ruficollis), l’Oie à bec court (Anser brachyrhynchos), la Sarcelle à ailes vertes (Anas carolinensis), l’Ibis falcinelle (Plegadis falcinellus), la Bécassine double (Gallinago media) et l’Étourneau roselin (Sturnus roseus).

Canards siffleurs (<em>Anas penelope</em>) et Canards souchets (<em>A. clypeata</em>)

Canards siffleurs (Anas penelope) et Canards souchets (A. clypeata) dans la réserve naturelle du domaine de Beauguillot (Manche) (cliquez sur la photo pour l'agrandir).
Photographie : Hervé Lefébure
Bernaches nonnettes (Branta leucospis)

Bernaches nonnettes (Branta leucospis) dans la réserve naturelle du domaine de Beauguillot (Manche) (cliquez sur la photo pour l'agrandir).
Photographie : Hervé Lefébure
Oies cendrées (A. anser) et rieuses (Anser albifrons)

Oies cendrées (A. anser) et Oies rieuses (Anser albifrons) dans la réserve naturelle du domaine de Beauguillot (Manche) (cliquez sur la photo pour l'agrandir).
Photographie : Hervé Lefébure
Busard des roseaux (Circus aeruginosus)

Busard des roseaux (Circus aeruginosus) dans la baie des Veys (Manche).
Photographie : Parc naturel régional des Marais du Cotentin et du Bessin

Canal de Carentan à la mer

Marouette ponctuée (Porzana porzana)

La Marouette ponctuée (Porzana porzana) peut être cherchée en automne en bordure de roselière (cliquez sur la photo pour l'agrandir).
Photographie : Parc naturel régional des Marais du Cotentin et du Bessin

Le canal de Carentan à la mer débute après les écluses du Haut Dicq (communes de Saint-Côme-du-Mont et de Saint-Hilaire-Petitville) et de la Barquette (où débouchent les eaux de la Douve et de la Taute), et débouche dans la Manche dans la baie des Veys entre la pointe de Brévands et le hameau du Grand Vey. 

Accès : depuis le centre-ville de Carentan, rejoindre les écluses du Haut Dicq (non située sur notre carte, voir la localisation  de l'écluse du Haut Dicq sur Google Maps) et de la Barquette, puis longer le canal en suivant les routes D44 et D89 en se rapprochant des berges quand cela est possible.

Les oiseaux : ce canal est intéressant durant la période de nidification et lors des migrations. La Rousserolle effarvatte, le Phragmite des joncs et la Gorgebleue à miroir nichent dans les roselières (voir la localisation sur Google Maps d’un bon secteur pour cette espèce). En automne (août-octobre), des passereaux (hirondelles, fauvettes paludicoles...) font une halte le long des berges : un grand dortoir de Bergeronnettes printanières (comprenant des Bergeronnettes flavéoles) se forme près des deux écluses, et le Phragmite aquatique (Acrocephalus paludicola) a déjà été capturé dans ce secteur. Le Balbuzard pêcheur (Pandion haliaetus) est parfois noté en septembre, des sternes pêchent alors sur le canal et le Râle d’eau et la Marouette ponctuée (Porzana porzana) peuvent être vus en bordure des roselières. En hiver, des Busards des roseaux se rassemblent le soir dans les phragmitaies non loin des écluses.

La pointe du Grouin à Géfosse-Fontenay (Calvados)

La côte près de Géfosse-Fontenay

La côte près de Géfosse-Fontenay : des passereaux nordiques peuvent se nourrir en hiver sur la laisse de mer (cliquez sur la photo pour l'agrandir).
Photographie : E. Génot / Parc Naturel Régional des Marais du Cotentin et du Bessin

La pointe du Grouin est située à l'embouchure de la Vire, à l’ouest du village de Géfosse-Fontenay (Calvados). La côte est ici bordée de plages et de dunes. C’est un intéressant site de suivi de la migration en automne car la côte forme un coude : elle est d'abord orientée d'est en ouest puis selon un axe sud-ouest – sud et forme ainsi une sorte "d’entonnoir" vers les marais de Carentan. 

Accès : depuis Carentan, rejoindre Isigny-sur-mer puis prendre la direction de Grandcamp-Maisy. Tourner à gauche au niveau de Géfosse-Fontenay puis rejoindre la baie et marcher le long de la côte.

Les oiseaux : le Groupe Ornithologique Normand a découvert que ce site était intéressant pour l’étude de la migration des passereaux en septembre et en octobre. Un suivi a été organisé entre le 8 septembre et le 14 novembre 2008 et les 2 et 6 décembre 2008 : près de 78 000 oiseaux de 145 espèces ont été comptés, dont plus de 87 % de Pinsons des arbres (Fringilla coelebs) et d’Etourneaux sansonnets (Sturnus vulgaris). Parmi les espèces peu communes observées, citons les Pipits de Richard (Anthus richardi) (1) et à gorge rousse (Anthus cervinus) (1) et les Bruants des neiges (7) et lapon (15). Les observateurs ont estimé qu’environ 100 000 passereaux ont survolé au total la commune de Géfosse-Fontenay  durant l’automne 2008, des chiffres toutefois cinq fois moins importants qu’au niveau des falaises de Carolles (lire Où observer les oiseaux dans la baie du Mont-Saint-Michel ?). Les oiseaux marins pélagiques (labbes, fous, puffins..) sont rarement notés depuis la pointe du Groin car ils rentrent peu dans la baie : on n’en voit que lors de forts coups de vent de nord-ouest. Le Labbe à longue queue (Stercorarius longicaudus) a pourtant déjà été observé. Par contre, il est possible de repérer les sternes et les guifettes suivant le canal de la Vire.
Les limicoles sont peu nombreux aux passages, peut-être parce qu’une grande partie d’entre eux passent de nuit : plusieurs centaines de Vanneaux huppés ont toutefois été comptés durant l’automne 2008. 3 956 Bernaches cravants, dont une Bernache cravant du Pacifique (B. b. nigricans) ont été comptées durant le suivi de 2008, mais ce chiffre sous-estime certainement le nombre réel d’individus survolant les marais du Cotentin pour rejoindre leurs sites d’hivernage le long de la Manche ou de l’Atlantique. Plus de 700 Tadornes de Belon ont aussi été observés. Le Phoque veau-marin est régulier à marée haute, en particulier d'août à octobre. Des plongeons, grèbes et canards marins sont visibles en mer en petit nombre.
En hiver, les limicoles (dont l’Avocette élégante) sont assez nombreux à marée montante. La Mouette mélanocéphale (Ichthyaetus melanocephalus) est visible à cette période.
En novembre et en décembre, des passereaux se nourrissent dans la laisse de mer : Bruant des neiges, Pipit maritime (Anthus petrosus), Bergeronnette grise (Motacilla alba)... Le site est a priori favorable pour l’Alouette haussecol (Eremophila alpestris).

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