Cet espace protégé proche de Valenciennes (Nord) constitue un excellent site pour l’observation des oiseaux aquatiques et forestiers.
La mare à Goriaux est un grand étang (90 hectares) situé dans la forêt domaniale de Raismes-Saint-Amand-Wallers (Nord) : elle a été créée suite à des effondrements miniers (trois mares s'étaient en fait formées en 1916, et elles ont "fusionné" vers 1930). Elle est située au pied d'un long terril en partie recolonisé par la végétation (Bouleaux verruqueux notamment).
Ce plan d'eau est d'une grande richesse ornithologique : plus de 300 espèces y ont été observées. C'est en particulier un site intéressant au printemps pour observer des oiseaux aquatiques et forestiers nicheurs remarquables, et la diversité des migrateurs visibles en automne est à souligner.
Une réserve biologique domaniale de 270 hectares, gérée par l'Office National des Forêts, a été créée en 1982 : elle fait partie du parc naturel régional de la Scarpe-Escaut.
Nous présentons dans cet article les oiseaux visibles selon les saisons.
Nous remercions Yann Godeau, de la Ligue pour la Protection des Oiseaux (LPO) du Nord, et Grégory Smellinckx, photographe naturaliste, pour nous avoir aidés à écrire et à illustrer cet article.
Accès
Situation de la mare à Goriaux (Nord). Carte : Ornithomedia.com |
La mare à Goriaux est située au nord du village de Wallers-Arenberg, à l'ouest de Valenciennes.
Depuis Lille ou Valenciennes, il faut prendre la sortie "Raismes-Parc naturel de Saint-Amand". On accède directement à l'aire de stationnement (horaires d'ouverture : 9 h - 18 h) depuis Lille, tandis que depuis Valenciennes, il faut repasser sous l'autoroute A 23.
À partir de l'aire de stationnement, il faut prendre le chemin aménagé qui permet de faire l'ascension du terril. Depuis son sommet, on a une très bonne vue sur l'étang (c'est le meilleur point d'observation, mais une longue-vue est conseillée) et sur le massif de Raismes-Saint-Amand-Wallers.
Le massif boisé peut être visité en empruntant les routes forestières proches, comme la Drève des Boules d'Hérin (ou tranchée d'Arenberg, une voie pavée célèbre grâce à la course cycliste Paris-Roubaix) et la Drôve de Wallers.
Pour des raisons de protection, l'ONF a interdit l'accès des abords de la roselière qui longe l'étang à l'ouest : une autorisation est nécessaire, mais il est aussi possible de participer à l'une des sorties guidées organisées par la LPO Nord.
Pour éviter les nombreux visiteurs, essayez d'être présent tôt le matin ou en semaine.
Les oiseaux en hiver
Carte de la mare à Goriaux (Nord) : en rouge, un circuit de découverte possible. Carte : Ornithomedia.com d'après Googlemaps |
La mare à Goriaux est bordée de boisements humides de bouleaux, de roselières (au sud-ouest) et de peuplements de pins. Un long terril plat constitué de schistes le longe le long de sa rive sud : il est en cours de colonisation par plusieurs espèces pionnières comme le Bouleau verruqueux : sa flore et ses peuplements d'insectes sont intéressants. Mais c'est surtout sa richesse ornithologique qui a fait la renommée de la Mare à Goriaux.
La LPO Nord réalise depuis peu le suivi de cette zone humide après quarante ans d'études menées par le GON (Groupe ornithologique et naturaliste du Nord-Pas-de-Calais).
En hiver, d'importants rassemblements de canards sont visibles sur le plan d'eau, dont de 500 à 1 000 Canards colverts (Anas platyrhynchos) et quelques centaines de Sarcelles d'hiver (Anas crecca), Fuligules morillon (Aythya fuligula) et milouin (Aythya ferina). Lors de vagues de froid, des espèces plus rares comme le Harle bièvre (Mergus merganser) et le Garrot à oeil d'or (Bucephala clangula) y stationnent.
Le Grand Cormoran (Phalacrocorax carbo), le Héron cendré (Ardea cinerea) et la Grande Aigrette (Ardea alba) (une vingtaine d'août à mars) sont visibles durant la mauvaise saison, et un dortoir de Mouettes rieuses (Chroicocephalus ridibundus) se forme alors.
Des Panures à moustaches (Panurus biarmicus) sont souvent visibles dans les roselières, ainsi que d'un à deux Butors étoilés (Botaurus stellaris).
Vue complète de la mare à Goriaux (Nord) depuis le terril au sud (cliquez sur la photo pour l'agrandir). Photographie : Grégory Smellinckx |
Les oiseaux au printemps et en été
Sur les bouleaux qui poussent sur le terril, il est possible de voir des troupes de Tarins des aulnes (Carduelis spinus) et des Sizerins flammés (Carduelis flammae). Le Bruant des neiges (Plectrophenax nivalis) y a déjà été vu.
Au printemps, le Balbuzard pêcheur (Pandion haliaetus) est un migrateur régulier (en avril en particulier), et des canards de surface font une halte, dont la Sarcelle d'été (Anas querquedula).
Le Grèbe huppé (Podiceps cristatus) (moins de dix couples aujourd'hui, contre plus de 45 il y a quelques années), le Grèbe castagneux (Tachybaptus ruficollis) (10 à 20 couples), la Gallinule poule-d'eau (Gallinula chloropus), la Foulque macroule (Fulicula atra), la Sarcelle d'été (trois à sept couples) et le Cygne tuberculé (Cygnus olor) nichent sur les bords de l'étang. La Rousserolle effarvatte (Acrocephalus sciparceus) et la Locustelle luscinioïde (Locustella luscinioides) nichent dans les roseaux. La Gorgebleue à miroir (Luscinia svecica), qui affectionne les secteurs envahis par les saules, y a déjà niché (pour observer cette espèce, il est particulièrement recommandé de visiter l'étang de Chabaud-Latour, un autre lac d'affaissement minier situé au nord-est de Condé-sur-Escaut et bordé de vastes roselières). Le Rossignol philomèle (Luscinia megarhynchos) apprécie le sous-bois humide envahi par les insectes au printemps et en été (prévoir une crème antimoustiques !).
le Pic noir (Dryocopus martius) niche dans la forêt de Raismes-Saint-Amand-Wallers (Nord). Photographie : Frank Vassen / Commons Wikimedia |
Dans la forêt, la Bécasse des bois (Scolopax rusticola) est une nicheuse rare (possibilité d'entendre la croule en mars). Aux côtés des Pics épeiche (Dendrocopos major) et épeichette (D. minor), le Pic noir (Dryocopus martius) est un autre nicheur intéressant. La Bondrée apivore (Pernis apivorus) arrive en mai, rejoignant les autres rapaces nicheurs comme la Buse variable (Buteo buteo), l'Épervier d'Europe (Accipiter nisus) et le Faucon hobereau (Falco subbuteo).
Les oiseaux en automne
La migration postnuptiale est particulièrement riche. On peut observer une belle diversité de rapaces, dont le Busard des roseaux (Circus aeruginosus), des centaines de Canards souchet (Anas clypeata) et chipeau (Anas strepera), des Sarcelles d'hiver, parfois des Oies cendrées (Anser anser), des Hérons cendrés, des Vanneaux huppés (Vanellus vanellus), de nombreuses hirondelles, plusieurs milliers de Pipits des arbres (Anthus trivialis) et farlouse (Anthus pratensis), de Pinsons des arbres (Fringilla coelebs), d'Alouettes des champs (Alauda arvensis), de Grives mauvis (Turdus iliacus) et litorne (Turdus pilaris)...
La Cigogne blanche (Ciconia ciconia) est une migratrice rare.
Parmi les raretés déjà notées, citons l'Aigle criard (Aquila clanga) (une à deux données).