Moins connu que la baie de Somme, cet estuaire accueille sur une surface moindre une diversité d’oiseaux comparable.
Accès et sites d'observation
Situation de la baie d'Authie (Somme/Pas-de-Calais). Carte : Ornithomedia.com |
Depuis Abbeville, rejoindre Rue puis la station de Fort-Mahon-Plage. L'accès à la plupart des sites d'observation du sud de la baie s'effectue depuis le parking indiqué "P1" sur notre carte ci-dessous, dans la commune de Fort-Mahon-Plage (il est parfois largement occupé par les voitures de chasseurs). Un peu au sud, toujours sur la commune de Fort-Mahon, un autre parking ("P2" sur la carte) donne accès à un sentier de découverte des dunes de Routhiauville. Non loin de là, la station de lagunage de Fort-Mahon plage est très riche mais son accès est interdit au public.
Il faut ensuite rejoindre le nord de la baie en passant par Conchil-le-Temple : les gravières que l’on longe le long de la D 940, qui ne sont pas décrites dans cet article, sont d’un grand intérêt ornithologique. Dirigez-vous ensuite vers Groffliers : les polders, pâtures, mares et mollières qui bordent l’Authie à l’ouest du petit pont de La Madelon sont très intéressants.
Plus au nord, le lieu-dit Les Sternes, près de Berck-sur-mer, est le meilleur point d’observation des phoques.
Les oiseaux durant la période hivernale (décembre à février)
Carte de la baie d'Authie et bons sites d'observation des oiseaux et des phoques (cliquez sur la carte pour l'agrandir). Carte : Ornithomedia.com |
Durant la période hivernale (décembre à février), la diversité des oiseaux susceptibles d'être observés est réduite. Seules quelques espèces de limicoles sont alors présentes, avec des effectifs fluctuants. L'essentiel des stationnements d’échassiers à marée haute se concentre d'ordinaire sur la rive sud de la baie (pointe de Routhiauville et ses abords). Quelques panneaux et une ligne de piquets partant de la pointe de Routhiauville en direction du phare de Berck-sur-mer matérialisent la limite orientale de la réserve Authie-Somme, laquelle se prolonge au sud jusqu'à la réserve naturelle nationale de la baie de Somme (lire Observer les oiseaux dans la basse vallée de la Somme et sur la côte picarde).
L'espèce de limicole la plus abondante est généralement l'Huîtrier pie (Haematopus ostralegus) (souvent de l'ordre du millier d'individus) tandis que les effectifs des Bécasseaux variables (Calidris alpina) sont très changeants, allant de quelques individus à plus d'un millier. Seuls quelques Courlis cendrés (Numenius arquata) et Pluviers argentés (Pluvialis apricaria) sont présents habituellement, tandis que désormais quelques dizaines de Grands Gravelots (Charadrius hiaticula) hivernent régulièrement, parfois accompagnés dun à deux Gravelots à collier interrompu (Charadrius alexandrinus). En bord de mer et en haut de plage lors des marées hautes de fort coefficient, les Bécasseaux sanderlings (Calidris alba) sont abondants durant la période hivernale.
Lors des coups de vent, l'observation du Phalarope à bec large (Phalaropus fulicarius) le long du littoral est exceptionnelle, tandis que le Grand Labbe (Stercorarius skua) est parfois noté.
Les Goélands argenté (Larus argentatus), cendré (L. canus), marin (L. marinus), brun (L. fuscus) et leucophée (L. michahellis) (par ordre d'abondance habituelle décroissant) sont souvent très nombreux, surtout à marée haute lors des forts coefficients de marée ou après les tempêtes qui apportent sur la côte des quantités parfois impressionnantes de coquillages échoués (Lutraires, Couteaux américains, plus rarement coques...) ou de crustacés (crabes). En période hivernale, c'est généralement en baie d'Authie qu'on note les effectifs de Goélands marins les plus importants du littoral picard (parfois plus de 1 000).
Bruant des neiges (Plectrophenax nivalis), baie d'Authie, mars 2014 (cliquez sur la carte pour l'agrandir). Photographie : Thierry Rigaux |
Dans les prés salés et les mollières, les petits passereaux sont généralement abondants : Linottes mélodieuses (Linaria cannabina) souvent présentes par centaines, accompagnées de quelques Chardonnerets élégants (Carduelis carduelis), Pipits maritimes (Anthus petrosus) (parfois plusieurs centaines) infiniment plus abondants que les farlouses (Anthus pratensis) dans ce milieu, Bruants des roseaux (Emberiza schoeniclus) (particulièrement nombreux dans les secteurs de Spartines dont ils mangent les fruits), sans oublier les Alouettes des champs (Alauda arvensis) dont la présence peut annoncer celle des Bruants lapons (Calcarius lapponicus) avec lesquels elles partagent souvent les mêmes secteurs d'alimentation. On a découvert récemment que le Bruant lapon était un hivernant très rare (un à quelques individus) dans la baie.
En limite des mollières et sur les laisses de mer on observe irrégulièrement le Bruant des neiges (Plectrophenax nivalis) et l'Alouette haussecol (Eremophila alpestris), parfois également le Bruant lapon. Dans ces habitats, la Linotte à bec jaune (Linaria flavirostris) est devenue exceptionnelle ou très peu abondante; elle y est parfois mêlée aux Linottes mélodieuses (Linaria cannabina). Des observations récentes répétées ont montré que les quelques individus présents restaient séparés. Les Linottes à bec jaune ont déjà été vues dans les secteurs à salicornes éparses, sur les laisses de mer mais aussi plus haut, dans les secteurs à Lilas de mer (Limonium vulgare). La baie d'Authie est l’un des rares sites français où les quatre espèces de passereaux nordiques peuvent être vues dans la même journée. Avec une certaine chance...
Mollières dans la baie d'Authie (cliquez sur la photo pour l'agrandir). Photographie : Thierry Rigaux |
L'abondance des passereaux et des autres hivernants est mise à profit par quelques rapaces comme le Busard Saint-Martin (Circus cyaeneus), le Faucon émerillon (Falco columbarius) et le Faucon pèlerin (Falco peregrinus), plus rarement le Busard des roseaux (Circus aeruginosus). Ils restent peu abondants, sauf conditions exceptionnelles, comme le 23 décembre 2010 où environ 10 000 Alouettes des champs étaient présentes dans la baie suite à des chutes de neige : au moins six Busards Saint-Martin survolaient alors les mollières. Le Faucon pèlerin est devenu régulier en hiver. Il faut par exemple inspecter les grandes étendues de sable au nord de la pointe de Routhiauville : bien souvent, un ou deux Faucons pèlerins y restent immobiles durant des heures avant de partir à la chasse. Des proies très variées ont déjà été notées, du classique pigeon (l'une des proies favorites) à la Bécasse des bois (Scolopax rusticola) ou au Grèbe à cou noir (Podiceps nigricollis).
Les coups de froid ou les épisodes neigeux sévères touchant les secteurs d'hivernage plus au nord peuvent provoquer des mouvements de fuite extrêmement spectaculaires. Parmi les plus remarquables de ces dernières décennies, ceux de fin décembre 1978 ou du 2 décembre 2010 figurent en bonne place : ce dernier jour, 3 000 Tadornes de Belon (Tadorna tadorna), 6 300 Canards siffleurs (Anas penelope) et 62 Harles bièvres (Mergus merganser) ont été vus fuyant vers le Sud au dessus de la mer, au large de la baie d'Authie.
En mer, des groupes de Macreuses noires (Melanitta nigra), parfois accompagnées de Macreuses brunes (Melanitta fusca), stationnent entre Quend et la baie d'Authie. Guillemots de Troïl (Uria aalge), Pingouins tordas (Alca torda) et Plongeons catmarins (Gavia stellata) peuvent également faire une halte en nombre (même si les Alcidés sont généralement peu abondants). Les comptages de la mi-janvier le long du littoral picard montrent que des centaines de plongeons sont régulièrement présents en hiver, atteignant parfois un millier d'individus au nord de la baie de Somme et au large de la baie d'Authie. Durant le mois de décembre 2014, ils ont été inhabituellement rares : espérons qu'il ne s'agisse que d'un "accident" et non du début d'une désertion progressive de notre littoral à cause des changements climatiques et/ou du déclin de certaines populations.
Dès la fermeture de la chasse, viennent s'ajouter aux centaines de Tadornes de Belon (Tadorna tadorna) qui hivernent en baie, des dizaines voire des centaines de canards de surface fréquentant le domaine maritime, principalement des Canards pilets. Leur présence se prolonge jusqu'au printemps, avec les haltes migratoires des oiseaux ayant hiverné bien plus au sud. C'est en février qu’ont lieu les principales remontées d'Oies cendrées (Anser anser), ce qui n'est pas sans alimenter des demandes récurrentes des instances cynégétiques locales en faveur de la prolongation de la chasse au cours de la première décade de février. Elles ne séjournent alors généralement qu'en très petit nombre (quelques dizaines d'individus) dans la baie et dans ses environs immédiats.
Vasières dans la baie d'Authie (cliquez sur la photo pour l'agrandir). Photographie : Ornithomedia.com |
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Huîtriers pie (Haematopus ostralegus), baie d'Authie, janvier 2015 (cliquez sur la photo pour l'agrandir). Photographie : Thierry Rigaux |
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Bécasseaux sanderlings (Calidris alba), Fort-Mahon plage, baie d'Authie, 31 décembre 2014 (cliquez sur la photo pour l'agrandir). Photographie : Thierry Rigaux |
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Leurres en plastique dans une mare de chasse asséchée de la baie d'Authie. Photographie : Thierry Rigaux |
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Les oiseaux durant la période printanière (mars-mai)
Barges rousses (Limosa lapponica), baie d'Authie (cliquez sur la photo pour l'agrandir). Photographie : Thierry Rigaux |
Au printemps, la diversité des espèces augmente. Quelques oiseaux nordiques peuvent encore être vus en mars, voire en avril. Les retours des visiteurs d'été débutent surtout à partir du mois de mars, comme pour le Traquet motteux (Oenanthe oenanthe), et ils se prolongent jusqu’ à la fin du mois de mai, voire au début du mois de juin (certains jours de juin, les passages d'Hirondelles rustiques (Hirundo rustica) le long des dunes "blanches" peuvent encore être soutenus).
En mars-avril, voire jusque début du mois de mai pour les Macreuses noires, la migration active des canards peut être notée au-dessus de la mer les jours favorables, et ils stationnent parfois au cœur de la baie. C'est à ce moment que des Harles huppés (Mergus serrator) sont parfois trouvés sur le chenal de l'Authie à marée haute.
Les Spatules blanches (Platalea leucorodia) remontent aussi à cette saison, mais ce sont désormais les oiseaux nicheurs du parc du Marquenterre qui expliquent l'essentiel de la présence de l'espèce dans la baie : elles viennent s'y nourrir régulièrement dès le printemps et jusqu'à la fin de l'été, effectuant des allers-retours entre leur principale colonie picarde et l'estuaire. Elles se reposent également parfois en nombre dans les gravières de Conchil-le-Temple ou sur les prairies un peu à l'ouest du petit port de la Madelon.
En avril-mai, les limicoles font une halte en nombre dans la baie, de façon plus ou moins prolongée, en fonction de la météorologie qui peut provoquer des "blocages migratoires". Plusieurs espèces comme le Pluvier argenté (Pluvialis squatarola), les Bécasseaux maubèche (Calidris canutus) et cocorli (C. ferruginea), la Barge rousse (Limosa lapponica) et le Grand Gravelot (Charadrius hiaticula) arborent au mois de mai de magnifiques plumages nuptiaux. Les effectifs des Pluviers argentés, des Grands Gravelots, des Bécasseaux maubèches, sanderlings et variables et des Chevaliers gambettes peuvent être conséquents : par exemple, en 2001, 300 Bécasseaux maubèches et 400 Bécasseaux sanderlings ont été observés lors de la première décade de mai, 1 200 Grands Gravelots et 145 Pluviers argentés lors de la troisième décade du mois, 430 Chevaliers gambettes le 23 mai 2001 et 750 le 14 mai 2005.
Chenal de l'Authie près du petit port de la Madelon (cliquez sur la photo pour l'agrandir). Photographie : Ornithomedia.com |
C'est aussi à cette saison que les sternes font leur retour sur le littoral, avec des effectifs parfois assez élevés pour les Sternes naines (Sternula albifrons) (155 le 7 mai 2006 en vol vers le nord au dessus de la mer, 140 le 22 avril 2011 dans la baie). Entre la troisième décade de mars et les deux premières d'avril, les Mouettes pygmées (Hydrocoloeus minutus) peuvent passer en nombre et faire halte dans la baie ou dans sa périphérie, comme lors du mois d'avril 1997 où un maximum de 3 500 individus ont été observés au dessus de la station de lagunage de Fort-Mahon plage (non accessible au public) le 18 du mois.
Les Mouettes mélanocéphales (Ichthyaetus melanocephalus), qui nichent sur la gravière de Conchil-le-Temple, forment parfois au printemps de très importants dortoirs dans la partie interne de la baie (1 150 le 28 mars 2010, 1 570 le 1er avril 2011 et 810 le 25 mars 2012). Les grandes bandes d'oiseaux s’envolent parfois brusquement, toutes espèces confondues, à l'occasion du passage du Balbuzard pêcheur (Pandion haliaetus) qui peut visiter la baie au printemps, même s’il est plus régulier en été.
Le Gravelot à collier interrompu (Charadrius alexandrinus) niche dans les dunes embryonnaires et sur les hauts des plages. L'adoption d'un arrêté préfectoral sur l'initiative de naturalistes et de l'association de chasse de la baie d'Authie aurait sans doute plus d'efficacité si les multiples visiteurs (promeneurs, randonneurs, touristes souvent accompagnés de chiens …) se tenaient effectivement à l'écart du périmètre délimité pour assurer la quiétude de la reproduction. L'insuffisance de la surveillance, qui, pour être plus efficace, nécessiterait des moyens accrus, limite les effets de cet arrêté. Selon le suivi de cette population par des stagiaires accueillis par les associations de chasseurs, l'essentiel des échecs de nidification serait dû à la prédation par les Corneilles noires (Corvus corone) et les Renards roux (Vulpes vulpes) : mais ceci ne nous dispense pas de poursuivre nos efforts pour limiter les impacts négatifs des dérangements.
Les oiseaux durant la période estivale (juin à août)
Dunes de Routhiauville, baie d'Authie (cliquez sur la photo pour l'agrandir). Photographie : Thierry Rigaux |
La période estivale (juin-août) n’est pas aussi creuse qu’on pourrait le penser : c’est à ce moment que l’on observe des rassemblements postnuptiaux de Gravelots à collier interrompu et des stationnements permanents de goélands et de Sternes caugeks (Thalasseus sandvicensis) (principalement). Juin est le mois le plus calme, mais il est alors possible de profiter des chants des nombreux Rossignols philomèles (Luscinia megarhynchos), Fauvettes des jardins (Sylvia borin) et Pouillots fitis (Phylloscopus trochilus) nichant dans les dunes arbustives. En juin ou en juillet, une sortie crépusculaire sur le sentier de découverte du milieu dunaire de Routhiauville (qui débute au niveau du parking "P1" sur notre carte) permet, si la météo est favorable, d'entendre le chant particulier de l'Engoulevent d'Europe (Caprimulgus europaeus) (quelques chanteurs).
Dès le mois de juillet, la migration postnuptiale de nombreux limicoles (qui a débuté parfois dès la seconde quinzaine de juin) s'intensifie. Les Chevaliers gambettes (Tringa totanus) et aboyeurs (Tringa nebularia) sont les plus abondants, tandis que des Chevaliers culblancs (Tringa ochropus), souvent seuls ou en petits groupes, font halte dans des mares et dans les secteurs arrière-littoraux (dunes, bas-champs …). Les Bécasseaux sanderlings (Calidris alba) sont de retour à compter de la seconde quinzaine de juillet, comme les Bécasseaux cocorlis (Calidris ferruginea), et, au mois d'août, Bécasseaux variables et Grands Gravelots (surtout fin août et en septembre pour ces derniers : par exemple, en 2004, 1300 le 22 août et 675 le 19 septembre) redescendent en nombre, accompagnés de quelques Pluviers argentés. L'observateur attentif pourra éventuellement découvrir des espèces bien plus rares : un Gravelot mongol (Charadrius mongolus) ou de Leschenault (Charadrius leschenaultii) (l'espèce n'a pas pu être déterminée) a ainsi déjà été observé en période estivale.
Bécasseaux sanderlings (Calidris alba) et variable (C. alpina), baie d'Authie, juillet 2013 (cliquez sur la photo pour l'agrandir). Photographie : Thierry Rigaux |
En mer, les stationnements de Macreuses noires sont parfois précoces : elles peuvent être vues soit depuis le débouché du sentier des pêcheurs en baie d'Authie (qui débute au niveau du parking "P2" sur notre carte), soit depuis les fronts de mer de Quend et de Fort-Mahon plage : un nombre exceptionnel de 780 oiseaux a été observé le 10 août 2014 au nord de Fort-Mahon.
Une fois leur reproduction achevée, de nombreuses Sternes caugeks, et dans une moindre mesure des Sternes pierregarins, séjournent le long du littoral : elles forment des groupes comptant souvent des centaines d'individus sur les secteurs de plage les moins fréquentés et au large de la baie d'Authie. Les adultes recherchant leurs jeunes en poussant des cris incessants, nourriture au bec, est un superbe spectacle visuel et sonore. En août, la Sterne caspienne (Hydroprogne caspia) peut être exceptionnellement observée. Profitant de la présence de ces pêcheurs, des Labbes parasites (Stercorarius parasiticus) peuvent être vus à partir du mois d'août.
La seconde quinzaine de juin et le mois de juillet (surtout durant les deux premières décades), sont de bonnes périodes pour observer des Tadornes de Belon (Tadorna tadorna) migrant le long du littoral pour aller muer plus au nord : le soir venu, entre 21h00 environ et le coucher du soleil, ils rejoignent des secteurs situés dans la mer des Wadden. Les oiseaux "méridionaux" ayant fait une halte en baie de Somme reprennent leur migration à l'approche de la nuit : compte tenu de la localisation de cette baie par rapport au cap Gris Nez, de l'heure de départ des oiseaux et de la durée nécessaire pour qu'ils atteignent ce cap, ils passent la plupart du temps inaperçus, certains oiseaux pouvant en outre probablement survoler les terres afin de "couper au plus court". Le 14 juillet 2005, 950 Tadornes de Belon ont été observés entre 20h45 et 22h35 depuis la pointe de Routhiauville en route vers leurs sites de mue : un bien beau spectacle !
Les oiseaux en période automnale (septembre-novembre)
Bernaches cravants (Branta bernicla bernicla) et à ventre pâle (B. b. hrota), baie d'Authie, novembre 2012 (cliquez sur la photo pour l'agrandir). Photographie : Thierry Rigaux |
En période automnale (septembre-novembre), les sources d'intérêt sont multiples. C'est une période bénie pour les "migratologues" ou les "migratophiles" ! Qu'il s'agisse de repérer les premiers migrateurs de retour vers leurs zones d'hivernage (passereaux nordiques...) ou de détecter le passage ou la halte d'un voyageur venu de contrées lointaines comme le Pipit de Richard (Anthus richardi), noté encore exceptionnellement mais probablement régulier, il est conseillé de parcourir la pointe de Routhiauville ou d’observer en mer depuis Quend, Fort-Mahon plage ou la pointe du bec de Perroquet au nord de la baie d'Authie.
En octobre et jusqu’à la mi-novembre, les flux de migrateurs peuvent être très impressionnants : certains jours, des dizaines de milliers de Pinsons des arbres (Fringilla ceolebs) et d’Étourneaux sansonnets (Sturnus vulgaris) survolent l'estuaire, comme cela est aussi noté depuis le banc de l'Ilette, situé une dizaine de kilomètres plus au sud (lire Observer les oiseaux sur le banc de l'Ilette).
Les stationnements ou les mouvements d'Alcidés sont surtout observés en novembre mais ils sont irréguliers : ainsi, le 18 octobre 2007, 1 980 pingouins ou guillemots ont été observés en 1h45, un effectif qui n’est pas du tout habituel. Les stationnements de macreuses sont plus précoces et peuvent se prolonger tout au long de l'automne, voire jusqu'au printemps.
Les passages d'Oies cendrées (Anser anser) se produisent pour l'essentiel entre la seconde décade d'octobre et la fin du mois de novembre, mais la pression de chasse limite les stationnements. Heureusement, les Tadornes de Belon, qui sont protégés, sont visibles par centaines en fin d'automne (et tout l'hiver) et forment l'essentiel des populations d'Anatidés présentes dans la baie à cette période. Ils sont parfois accompagnés de quelques dizaines, voire exceptionnellement de plusieurs centaines de Bernaches cravants (Branta bernicla), au sein desquelles ont déjà été repérées quelques Bernaches à ventre clair (B.b. hrota). À l'approche de l'hiver, les Bernaches cravants disparaissent généralement complètement.
Les phoques de la baie d'Authie
Les phoques sont visibles depuis l'épi 17, au sud de Berck-sur-mer (cliquez sur la photo pour l'agrandir). Photographie : Ornithomedia.com |
La baie d'Authie, comme les autres estuaires picards, est fréquentée par les Phoques veau-marin (Phoca vitulina vitulina) et gris (Halichoerus grypus). Le premier est une petite espèce de 70 à 150 kg reconnaissable à sa tête ronde, au décrochement entre le museau et le front et à ses narines en V. Son pelage est de couleur variable, avec des taches plus ou moins marquées et foncées sur un fond clair.
Le Phoque gris est beaucoup plus gros : il pèse entre 100 et 250 kg, est identifiable à son museau allongé prolongeant le front et à ses narines parallèles. Son pelage est marbré avec une dominante foncée.
Les phoques ne sont en réalité pas des nouveaux-venus en baie d'Authie : ils y sont en effet dans leur milieu naturel et ils y étaient déjà présents au 19ème siècle comme l'attestent des écrits. Ils furent malheureusement beaucoup chassés pour être finalement complètement exterminés au début du 20ème siècle. Depuis leur protection, qui a été décrétée en 1972, ils sont naturellement revenus dans les estuaires picards.
En baie d'Authie, on les observe de nouveau depuis le début des années 2000, avec une facilité variable selon les saisons. En hiver, le nombre de phoques est à son plus bas. Cette période correspond à une phase d'erratisme pour les Phoques veaux-marins qui ont fini leur reproduction tandis que la température de l'air, éventuellement plus basse que celle de l'eau, ne les incite pas à se reposer sur les bancs de sable. Et les Phoques gris sont alors pour la plupart repartis sur leurs lieux de reproduction plus nordiques.
Les phoques sont visibles depuis l'épi 17, au sud de Berck-sur-mer (cliquez sur la photo pour l'agrandir). Photographie : Frédéric Leviez |
Mais, dès le printemps, le nombre de phoques commence à remonter et au fur et à mesure que la saison avance, il devient possible de repérer les femelles veaux-marins gestantes. Dès la mi-juin, c'est la période de la mise bas des Phoques veaux-marins (une naissance en 2013 puis une en 2014), suivie de celle de l'élevage des petits, de la mue et rapidement des accouplements. Les Phoques gris reviennent aussi en nombre de leurs régions de mise bas hivernale situées dans des pays voisins tels que le Royaume-Uni ou les Pays-Bas. Les regroupements s'intensifient pour devenir maximaux en août, septembre et octobre. À cette saison, les effectifs de Phoques veaux-marins et gris dépassent fréquemment la cinquantaine d'individus. En automne et jusqu’en hiver, les nombres restent importants.
La colonie de phoques de la baie d'Authie est suivie toute l'année depuis 2001 par des bénévoles de l'Association Découverte Nature (ADN). En été, les bénévoles de cette association et de Picardie Nature assurent une surveillance estivale et un accueil du public de la mi-juillet à la mi-août. Quelques survols aériens viennent compléter ce suivi. Les données des deux associations sont mutualisées. Pour plus de renseignements, contacter l'association ADN par courriel (adn62@voila.fr) ou sur sa page Facebook.
Phoques veaux-marins (Phoca vitulina vitulina), baie d'Authie, le 14/05/2003 (cliquez sur la photo pour l'agrandir). Photographie : Marie-Hélène Fremau |
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Phoque gris (Halichoerus grypus), baie d'Authie, le 14/08/2005 (cliquez sur la photo pour l'agrandir). Photographie : Marie-Hélène Fremau |
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Phoques veaux-marins (Phoca vitulina vitulina), baie d'Authie, le 2/08/2014 (cliquez sur la photo pour l'agrandir). Photographie : Thierry Rigaux |
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Phoque gris (Halichoerus grypus), baie de Somme, le 01/09/2013 (cliquez sur la photo pour l'agrandir). Photographie : Thierry Rigaux |
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Où voir les phoques en baie d'Authie ?
Reposoirs à phoques dans la baie d'Authie depuis le lieu-dit Les Sternes, au sud de Berck-sur-mer (cliquez sur la carte pour l'agrandir) Source : Association Découverte Nature (ADN) |
Les phoques se reposent sur les bancs de sable qui se découvrent à marée basse. Pour les observer, la meilleure option consiste à se rendre au lieu-dit Les sternes au sud de Berck-sur-mer, près du centre nautique, à l'extrémité du Chemin au raisin, sur l'épi 17 : ce site est aussi accessible par des personnes souffrant d'un handicap.
Les heures de marée conditionnent les périodes d'observation : à marée haute, l'eau recouvre les bancs de sable, et ce n'est donc pas le meilleur moment pour les repérer. Ils sont alors disséminés dans la baie ou sont repartis en mer pour pêcher. En étant attentif, on peut quand même voir ici et là de petites têtes qui sortent de l'eau, surtout quand la mer est calme. Environ deux heures après la marée haute, les bancs commencent à émerger au niveau du premier reposoir (B5 sur la carte ci-contre) et des phoques s’y rassemblent. Environ quatre heures après la marée haute et pendant la marée basse, les bancs de sable continuent à se découvrir peu à peu : c’est le cas tout d'abord des zones marquées A5 et A3, puis finalement des secteurs A4. C'est à ce moment que l'observation devient très aisée au niveau du lieu-dit Les sternes, et on peut s’avancer sur l'épi 17. Au cours de l'été et de l'automne 2014, les Phoques gris, en nombre assez important, se regroupaient dans la zone A3, les Phoques veaux-marins étant répartis sur les zones A3 à A5, avec une préférence pour la A4. Environs deux heures après la marée basse, l'eau commence à monter et les premiers bancs de sable sont submergés. Les phoques chassés par la marée montante vont petit à petit retourner à l'eau.
Des livres sur les oiseaux et les phoques de Picardie Maritime
Voici une sélection de livres sur les oiseaux et les phoques de la Picardie Maritime pouvant être achetés dans la boutique en ligne de Picardie Nature :
- Les Oiseaux de Picardie : historique, statuts et tendances (2013). Cet ouvrage collectif de Picardie Nature présente les 405 espèces d’oiseaux observées au moins une fois dans la Picardie depuis le début du 19ème siècle.
- Phoques en baie de Somme - Édition 2014. Collection "Les cahiers du patrimoine naturel de Picardie". Cet ouvrage consacré à ces animaux attachants, ne prétend pas présenter dans le détail, ni de manière exhaustive, leur biologie et les mesures mises en œuvre pour leur protection. Sa seule Ambition est de transmettre au lecteur la passion de ses auteurs pour cet animal particulier.
- Livret les Phoques en baie de Somme (2011). Au fil des pages, apprenez à différencier le Phoque veau-marin du Phoque gris, suivez leur journée au rythme des marées, découvrez leur biologie, leur alimentation, leur reproduction mais aussi leur histoire, l'étude et la protection mise en place tout au long de l'année par Picardie Nature.
Suivi ornithologique et remerciements
Les oiseaux de la baie d'Authie font l'objet d'un suivi concerté de longue date entre les ornithologues de Picardie et du Nord-Pas-de-Calais. Les observations réalisées dans le domaine estuarien (maritime) sont coordonnées par Picardie Nature, et en particulier par moi-même (Thierry Rigaux). Les observateurs sont invités à saisir leurs données collectées dans le domaine maritime et dans la partie terrestre du département de la Somme sur le site web Clicnat et sur celui du SIRF pour le Nord-Pas-de-Calais (par exemple pour les gravières de Conchil-le-Temple). Je tiens à remercier Michael Guerville, "pilier" de longue date du suivi ornithologique dans la baie d'Authie, et Frédéric Leviez, contributeur plus récent, pour leur relecture et leurs apports concernant la présentation ornithologique de la baie de cet article. Je remercie aussi Marie-Hélène Fremau et Frédéric Leviez pour les paragraphes concernant les populations de phoques de la baie d'Authie.