Situé près de Thollon-les-Mémises (Haute-Savoie), Le Hucel est survolé chaque printemps par des dizaines de milliers d'oiseaux, dont de nombreux rapaces.
Un "goulet" pour les migrateurs
Situation du Hucel (Haute-Savoie). Carte : Ornithomedia.com |
Le site de suivi de la migration du Hucel est un promontoire naturel culminant à 970 mètres d’altitude à la limite du plateau du Maravant idéalement placé le long d'une voie migratoire majeure suivie par de nombreux oiseaux nichant en Europe du Nord et centrale et hivernant autour de la Méditerranée et en Afrique. Ils remontent la vallée du Rhône, sont "canalisés" par le Jura et les Alpes, longent les rives du lac Léman qu'ils évitent de traverser dans sa grande largeur (11 km entre Thonon-les-Bains et Lausanne), prennent de l’altitude au Hucel et se dirigent ensuite vers le mont Pèlerin (près de Montreux, sur la rive nord du Léman) ou vers le Valais (Suisse) (voir le schéma 1 ci-dessous). Les effectifs comptés depuis le mont Pèlerin sont d'ailleurs similaires à ceux du Hucel.
Le champ de vision des observateurs depuis Le Hucel est très vaste, allant des rives du Léman (Troubois) à 383 mètres d'altitude jusqu'au pic des Mémises à 1 674 mètres, ces deux points étant séparés de quatre kilomètres. Quand la vue est dégagée, on peut voir Lausanne (à 15 km), Évian (9 km) et la pointe d’Yvoire (29 km). Toutefois, d'après les observateurs, les oiseaux ne seraient pas repérables au-delà de quatre ou cinq kilomètres.
Accès
Depuis Évian-les-Bains, rejoindre le village de Neuvecelle puis celui du Nouy par la D24. Suivre ensuite la direction du Hucel. Il faut se garer le long de la petite route en bas du hameau. Le point d’observation se trouve au pied d’une antenne-relais visible de très loin. Dix minutes de marche sur un sentier très pentu sont nécessaires, mais il est aussi possible de prendre le second chemin à droite qui passe sous l’antenne, moins raide mais plus long. La construction d'une plateforme d’observation et la création d’un sentier pédagogique sont prévues.
Carte d'accès au site de suivi de la migration du Hucel (Haute-Savoie). Il faut garer son véhicule au niveau du symbole "P", suivre la petite route (trait rouge plein) et marcher le long d'un sentier (pointillés). Carte : Ornithomedia.com d'après Google Maps |
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Schéma 1- Voies de migration prénuptiale (flèches rouges) et situations du Hucel (Haute-Savoie) et du mont Pèlerin (Suisse). Carte : Ornithomedia.com d'après la LPO Haute-Savoie |
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Vue du lac Léman depuis le site du Hucel (Haute-Savoie) (cliquez sur la photo pour l'agrandir). Photographie : Pierre Loiseau |
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Observation depuis le site du Hucel (Haute-Savoie). Photographie : Yves Dubois |
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Les oiseaux
De 8 000 à 12 000 Buses variables (Buteo buteo) passent chaque printemps au-dessus du Hucel (Haute-Savoie) (cliquez sur la photo pour l'agrandir). Photographie : Morgan Boch |
Des dizaines de milliers d'oiseaux (plus de 28 600 en 2013) passent chaque printemps au Hucel. Les rapaces sont les plus nombreux, avec de 13 000 à 22 500 (le record de 2011) individus appartenant à 15 à 20 espèces. La Buse variable (Buteo buteo) (de 8 000 à 12 000), les Milans noir (Milvus migrans) (1 500 à 2 700) et royal (Milvus milvus) (1 200 à 1 500), la Bondrée apivore (Pernis apivorus) (1 000 à 3 800), l'Épervier d'Europe (Accipiter nisus) (900 à 1 600) (lire Différencier l'Épervier d'Europe de l'Autour des palombes) et le Busard des roseaux (Circus aeruginosus) (50 à 200) représentent la quasi-totalité des oiseaux observés.
Les Faucons crécerelle (Falco tinnunculus) (134 en 2013), hobereau (Falco subbuteo) (25 en 2013) et pèlerin (Falco peregrinus) (un en 2013), le Balbuzard pêcheur (Pandion haliaetus) (13 en 2013), les Busards Saint-Martin (Circus cyaneus) (13 en 2013) et cendré (C. pygargus) (trois en 2013) et l'Autour des palombes (Accipiter gentilis) (un en 2013) passent en petit nombre.
Des espèces plus rares peuvent aussi être observées comme le Vautour fauve (Gyps fulvus), l'Aigle botté (Aquila pennata), le Faucon émerillon (Falco columbarius), le Busard pâle (Circus macrourus) (par exemple, un mâle adulte le 3 avril 2006) (lire À propos de la migration printanière du Busard pâle), l'Aigle pomarin (Aquila pomarina), la Buse pattue (Buteo lagopus) ou le Faucon kobez (Falco vespertinus). En 2008, 19 Faucons kobez avaient été comptés, un chiffre exceptionnel (lire Pourquoi voit-on des Faucons kobez au printemps en France ?).
Tönn, un Aigle criard (Aquila clanga) né en Estonie et muni d’une balise satellitaire (lire Tönn, un Aigle criard sous surveillance), est passé le 3 avril 2013 (Le Hucel est le seul site de suivi européen où il a été repéré).
D'autres oiseaux peuvent être observés comme le Grand Cormoran (Phalacrocorax carbo), la Cigogne noire (Ciconia nigra) (28 oiseaux par an en moyenne entre 2007 et 2010), le Pigeon ramier (Columba palombus) (4 066 en 2013 et 4 380 en 2012), le Guêpier d'Europe (Merops apiaster) (quelques dizaines chaque année) et de nombreux passereaux (mésanges, bruants, pinsons, hirondelles, grives, pipits, bergeronnettes, alouettes, Tarin des aulnes, Becs-croisé des sapins, Gros-bec-cassenoyaux...).
On peut également assister à la migration post-nuptiale (août-novembre), mais elle est beaucoup moins marquée qu'au printemps.
Vous pouvez découvrir les résultats des comptages sur le site web de la LPO Haute-Savoie.
Bondrée apivore (Pernis apivorus), Le Hucel (Haute-Savoie) (cliquez sur la photo pour l'agrandir). Photographie : Morgan Boch |
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Milan noir (Milvus migrans), Le Hucel (Haute-Savoie) (cliquez sur la photo pour l'agrandir). Photographie : Morgan Boch |
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Cigogne noire (Ciconia nigra), Le Hucel (Haute-Savoie) (cliquez sur la photo pour l'agrandir). Photographie : Morgan Boch |
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Des raretés peuvent être vues au Hucel, comme cet Aigle criard (Aquila clanga) qui est passé le 16/04/2011. Photographie : A. Pochelon |
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Des pics de passage variables selon les rapaces
Milan royal (Milvus milvus) et Buse variable (Buteo buteo), Le Hucel (Haute-Savoie) (cliquez sur la photo pour l'agrandir). Photographie : Morgan Boch |
Le passage des rapaces débute à la mi-février pour la Buse variable et le Milan royal, et les pics d'abondance de ces deux espèces sont atteints en mars (des centaines voire des milliers d’oiseaux sont alors observés certaines journées). A la fin du mois de mars et en avril, les migrateurs sont moins nombreux mais la diversité est plus grande : les Éperviers d'Europe, les Milans noirs, les Busards des roseaux et Saint-Martin, les Faucons crécerelle et hobereau et quelques Balbuzards pêcheurs peuvent être vus. Un second pic de passage des Milans royaux a lieu à la mi-avril (oiseaux de deuxième année). A la fin de ce mois, les Bondrées apivores commencent à passer, leur pic étant atteint entre le 5 et le 15 mai. Les derniers individus passent au début du mois de juin.
Les effectifs varient d'une année à l'autre, en fonction notamment des conditions météorologiques : en 2013, un nombre record de Milans royaux a été compté (1 588 oiseaux), ce qui fait du Hucel un site de migration prénuptiale majeur au niveau national et européen pour cette espèce, tandis que les Busards des roseaux et les Bondrées apivores ont été nettement moins nombreux que les années précédentes.
Organisation du suivi
Le suivi de la migration est animé par la LPO Haute-Savoie dans le cadre de l'opération "Tête en l’air", une manifestation coordonnée par la LPO Rhône-Alpes, l’URCPIE et le Conseil Général de Haute-Savoie. Un salarié de la LPO Haute-Savoie est présent chaque année depuis 2002 du 1er mars au 31 mai pour réaliser le suivi et accueillir les observateurs. En outre, des journées "grand public" sont organisées lors du dernier week-end de mars.
Le suivi commence le matin vers 9 h avec l’arrivée du soleil et le début du réchauffement matinal, quand les rapaces peuvent commencer à profiter des ascendances thermiques (lire Ascendances thermiques et dynamiques) et s'achève généralement vers 18 h - 19 h en fin de saison. Il est possible de voir les rapaces de dessus et d’assez près. Le panorama est balayé systématiquement, à intervalles réguliers, avec des jumelles afin de repérer les groupes ou individus isolés, la longue-vue n’étant utilisée que pour l’identification et le dénombrement. Les individus de chaque espèce en migration active sont identifiés, comptés et leur nombre (plus l’âge et le sexe s’il y a lieu) est reporté toutes les 30 minutes dans une fiche de suivi.
Les rapaces et les grands oiseaux (cigognes, cormorans) sont dénombrés à l’unité. Les pigeons font l’objet d’une estimation groupée. Toutes les autres espèces en migration active, comme les passereaux, sont identifiées dans la mesure du possible.
Des points de repère (relief, infrastructure, arbres isolés…) précis servent au repérage par tous les observateurs. Le franchissement de certains de ces repères et son comportement permettent de considérer si un oiseau migre ou non.
En cas de fort passage, une première estimation est réalisée de loin puis est affinée quand les oiseaux se rapprochent.
Participez et soutenez le suivi de la migration au Hucel
Le site de suivi de la migration du Hucel (Haute-Savoie). Photographie : David Rey |
L’aide des bénévoles est précieuse et indispensable. Vous pouvez participer aux comptages en contactant la LPO Haute-Savoie - 24 rue de la Grenette - 74370 Metz-Tessy - Téléphone : 04 50 27 17 74 - Courriel : haute-savoie@lpo.fr. Vous pouvez également faire un don pour participer au financement des aménagements prévus (création d'une plateforme et d'un sentier de découverte) et du suivi scientifique.
Un autre site de suivi de la migration en Haute-Savoie : le défilé de l'Écluse
Le défilé de l'Écluse, situé le long du Rhône en aval du lac Léman, sur la commune de Chevrier, est un autre site de suivi de la migration des oiseaux en Haute-Savoie : il est complémentaire du Hucel car il est surtout intéressant lors du passage postnuptial. Chaque année, entre 20 et 30 000 rapaces y sont dénombrés, principalement des Milans noirs et royaux, des Bondrées apivores et des Buses variables. Plusieurs centaines de milliers de passereaux survolent aussi le défilé. Selon les années, les effectifs de Cigognes noires et de Balbuzards pêcheurs varient entre 50 à 150 individus. Des espèces plus rares sont observées annuellement, comme la Grue cendrée (Grus grus), les Aigles criard, pomarin (Aquila pomarina) et botté (Aquila pennata), voire même des oiseaux marins (labbes). La proximité du vaste marais de l’Étournel contribue encore à augmenter la variété des espèces visibles. Depuis 2008, le suivi de la migration est assuré de la mi-juillet à la mi-novembre par la LPO Haute-Savoie dans le cadre de l’opération "Tête en l’air".
Pour y accéder depuis Bellegarde-sur-Valserine, il faut prendre la direction de Collonges. Après le tunnel du Fort-l’Écluse, tournez à droite en direction de Vulbens-Valleiry sur la N206. 1500 mètres après le Pont Carnot, prenez la première à droite avant le pont SNCF, passez l’aire de pique-nique puis longez la voie ferrée sur 300 mètres (voir la localisation du site de suivi).
Le lac Léman en hiver
Le Hucel domine le lac Léman, une très importante zone d'hivernage pour les oiseaux aquatiques. Pour en savoir plus sur les bons secteurs de la partie ouest du lac, lire notre article Observer les oiseaux en hiver dans la partie ouest du Lac Léman.
Le delta de la Dranse
Non loin du Hucel, le delta de la Dranse est l'un des derniers espaces naturels sur la rive française du Léman. C'est une zone très intéressante pour l'observation des oiseaux. Pour en savoir plus, lire notre article À la découverte du delta de la Dranse.
Le domaine de Guidou
Le domaine de Guidou, dans la baie de baie de Coudrée, est également l'une des dernières zones humides sur la rive française du Léman. Il s'agit d'une prairie inondable très intéressante durant les migrations. Pour en savoir plus, visitez la page qui lui est consacrée sur le site web de la LPO Haute-Savoie.
L'Espace Sports et Loisirs du Fier
Nous vous conseillons également de visiter l'Espace Sports et Loisirs du Fier, une zone humide proche de Motz et de Châteaufort (Savoie) qui est apparue suite à la construction du barrage de Chautagne sur le Rhône : il a bloqué les alluvions et a donc favorisé le développement de vasières et de roselières. Il s'agit d'un important site d’hivernage, de migration et de nidification qui a été désigné en Zone Naturelle d’Intérêt Ecologique Faunistique et Floristique. Il est géré par la Compagnie Nationale du Rhône et la commune de Motz. Il se situe en bordure du Rhône, près de Seyssel (74), à 22 km de Bellegarde sur Valserine (01) et à 30 km d'Aix-les-Bains (73) (voir la localisation de l'Espace Sports et Loisirs du Fier sur Google Maps). Pour en savoir plus, lire notre article L'Espace Sports et Nature du Fier, un bon coin pour les marouettes.