Identification

Répartition des sous-espèces du Pouillot véloce (Phylloscopus collybita) : (A) P. c. collybita (B) P. c. abietinus, (C) P. c. fulvescens (tristis x abietinus) et (D) P. c. tristis. Carte : Ornithomedia.com |
Le Pouillot de Sibérie niche des monts Oural à la Sibérie orientale. Elle arrive généralement en Europe de l'Ouest (cas de la Grande-Bretagne) à partir de la mi-décembre.
Pour Svensson (1992), les critères d'identification d'un tristis (oiseau en main) sont :
- les sourcils, les paupières et les parotiques beige ou chamois sans teinte jaune;
- l'absence de teinte jaunâtre sur les parties inférieures, sauf sur les couvertures sous-alaires et les axillaires;
- le dessus plus brun que vert olive, mais les bordures des couvertures alaires et des plumes de la queue sont teintées de vert olive. Le croupion est teinté également de vert olive. On note une teinte verte indistincte sur le dos et sur les scapulaires chez beaucoup d'oiseaux, mais il n'y a jamais de teinte verte sur le manteau, la nuque ou la couronne chez un tristis typique;
- les pattes et le bec noirâtres.
La taille et la formule alaire (= nombre, catégorie, longueur, taille relative et forme des rémiges) sont très semblables à celles de la sous-espèce scandinave abietnus, avec toutefois la longueur de la deuxième primaire (P2) souvent inférieure à celle des sixième et septième primaires (P6 et P7). Sa taille est également similaire à celle de la sous-espèce nominale (P. c. collybita) présente en Europe de l'Ouest. La teinte générale est donc froide et pâle, avec les parties supérieures gris-brun et les parties inférieures blanches, apparaissant de globalement de couleur terre ou sable par rapport aux autres sous-espèces.
Autres éléments utiles :
- lores sombres
- alule (alula) noire bien visible
- Sur les ailes, on note souvent une barre alaire pâle
- la nuque devient plus grise quand l'hiver progresse
- les flancs sont chamois.

Pouillot de Sibérie (Phylloscopus c. tristis) : (1) dessous blanchâtre sans trace de jaune, (2) dessus brun-gris, sans trace de jaune, (3) croupion brun-olive. Photographie : Han Bouwmeester / Vogelringschier |
Pour Kjetil Aa. Solbakken, du site Fugler.no, il est probablement nécessaire d'avoir un oiseau en main pour identifier un tristis avec certitude, puisque les éléments de plumage séparant un vrai tristis d'un oiseau intermédiaire entre collybita et tristis (fulvescens) tirant sur le gris sont très subtils. Les oiseaux, avec même la plus légère teinte jaunâtre sur les sourcils, les paupières ou le dessous (excepté le dessous des ailes), ou une légère teinte verte sur la couronne ou le manteau, ne devraient pas être considérés comme des tristis, mais plutôt comme des fulvescens.
En conclusion, pour Kjetil Aa. Solbakken, un tristis classique doit combiner les éléments suivants : Dessus gris-brun "froid", légère teinte verte seulement sur le bord externe des plumes des ailes, extrémités grises sur les grandes couvertures créant une barre alaire diffuse mais visible, bec et pattes entièrement noires, sourcils blanchâtres nets, lores gris-noir évoquant un Pouillot brun mais sans la teinte brune sur le dessus des ailes, longueur de l'aile de 57 mm.
Un exemple en photos
Le pouillot ci-dessous, bagué à la station de Vogelringschier aux Pays-Bas en novembre 2006, combine tous les critères d'un tristis, mais il est encore en cours d'homologation par le comité néerlandais d'homologation (CDNA).

Très probable Pouillot de Sibérie (Phylloscopus c. tristis) : (1) dessus brun, (2) légère barre alaire, (3) pattes noires. Ensemble brun, sans jaune. Photographie : Han Bouwmeester / Vogelringschier |
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 Pouillot de Sibérie (Phylloscopus c. tristis) : (1) sourcils nets beige/chamois, sans trace de jaune, (2) parotiques chamois et (3) calotte sans trace de jaune. Photographie : Han Bouwmeester / Vogelringschier |
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 Pouillot de Sibérie (Phylloscopus c. tristis) : (1) calotte sans trace de jaune, (2) sourcils nets beige/chamois, sans trace de jaune, (3) bec noirâtre, (4) scapulaires avec une légère teinte olive (visible chez certains individus),( 5) alula noire, (6) lores noires, et (7) bande alaire visible. Photographie : Han Bouwmeester / Vogelringschier |
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 Pouillot de Sibérie (Phylloscopus c. tristis). Notez les pattes noires (dessous jaune des doigts) et le dessous bien blanc. Photographie : Han Bouwmeester / Vogelringschier |
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Pouillot de Sibérie (Phylloscopus c. tristis) : détail de l'aile. Photographie : Han Bouwmeester / Vogelringschier |
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 Pouillot de Sibérie (Phylloscopus c. tristis) : (1) bec noir, (2) axillaires roussâtres, (3) couvertures sous-alaires jaunâtres. Photographie : Han Bouwmeester / Vogelringschier |
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Cris
Le cri du Pouillot de Sibérie est un "tî-U !" plaintif rappelant le cri du Bouvreuil pivoine (Pyrrhula pyrrhula) en sourdine : il est mélancolique ou grave. Décrit par certains auteurs comme un typique "sweee !" ou "peeep!" plaintif et montant, plus long et davantage dissyllabique que chez collybita et abietinus (Beaman & Madge 1998) (écoutez cet enregistrement d'un cri typique de ce taxon). A noter que toutefois les cris des jeunes Pouillots véloces de toutes les sous-espèces sont un peu différents de ceux des adultes.
Sur le terrain, les possibles oiseaux de la sous-espèce tristis réagissent très bien à la repasse du chant du taxon, et ils se mettent à frétiller des ailes et de la queue, alors que P. collybita ne réagissent pas (source : liste Coches-fr).
Des photos pédagogiques de Marc Fasol
Marc Fasol nous a transmis des photos d'un Pouillot de Sibérie (Phylloscopus collybita tristis) typique prises à Gand (Belgique) le 5 janvier 2015. Pour permettre une comparaison directe, il a aussi photographié dans les mêmes conditions un Pouillot véloce (Phylloscopus collybita collybita) nominal.

Pouillot de Sibérie (Phylloscopus collybita tristis), Gand (Belgique), le 5 janvier 2015 : notez (1) le bec noir, (2) les sourcils beige bien marqués, (3) le dessus brun-gris froid, (4) la barre alaire à peine visible, (5) l'alula noire, (6) le dessous blanc, (7) les pattes noires (cliquez sur la photo pour l'agrandir). Photographie : Marc Fasol |
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Pouillot véloce nominal (Phylloscopus collybita collybita), Gand (Belgique), le 5 janvier 2015 : notez (1) le dessus teinté de vert et (2) le dessous teinté de jaune (cliquez sur la photo pour l'agrandir). Photographie : Marc Fasol |
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Pouillot de Sibérie (Phylloscopus collybita tristis), Gand (Belgique), le 5 janvier 2015 : notez (1) le bec noir, (2) les sourcils beige bien marqués, (3) le dessus brun-gris froid, (4) la barre alaire à peine visible, (5) l'alula noire, (6) le dessous blanc et (7) les pattes noires (cliquez sur la photo pour l'agrandir). Photographie : Marc Fasol |
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Pouillot de Sibérie (Phylloscopus collybita tristis), Gand (Belgique), le 5 janvier 2015 : notez (1) le bec noir, (2) les sourcils beige bien marqués, (3) le dessous blanc et (4) les pattes noires (cliquez sur la photo pour l'agrandir). Photographie : Marc Fasol |
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Cris
Le cri du Pouillot de Sibérie est un "tî-U !" plaintif rappelant le cri du Bouvreuil pivoine (Pyrrhula pyrrhula) en sourdine : il est mélancolique ou grave. Il est décrit par certains auteurs comme un typique "sweee !" ou "peeep!" plaintif et montant (écoutez l'enregistrement d'un cri typique), plus long et davantage dissyllabique que les cris de collybita et d'abietinus (Beaman & Madge 1998). Notez toutefois que les cris des jeunes Pouillots véloces de toutes les sous-espèces sont un peu différents de ceux des adultes. Sur le terrain, les possibles oiseaux de la sous-espèce tristis réagissent très bien à la repasse et ils se mettent à frétiller des ailes et de la queue, alors que les P. collybita ne réagissent pas (source : liste Coches-fr).
Rappel : les cris et chants du Pouillot véloce collybita
Afin de vous donner des éléments de comparaison, écoutez un enregistrement du chant typique de "notre" Pouillot véloce (P. c. collybita) nichant en Europe de l'Ouest : P. c. collybita égrène régulièrement ses notes comme des pièces de monnaie, ce qui lui a valu le nom de "compteur d'écus". Son cri ressemble à celui du Pouillot fitis (P. trochilus), mais il est plus monosyllabique : "uît!".
Identification
Cette sous-espèce niche en Norvège, en Suède (excepté au sud) et à l'est jusqu'à l'Oural. Également au pied du Caucase, en Transcaucasie et au nord de l'Iran. Il est plus grand en moyenne que la sous-espèce nominale
P. c. collybita, avec les parties supérieures plus grisâtres et les parties inférieures plus blanches, présentant en général moins de jaune. Les parotiques, les côtés de la poitrine et des flancs sont lavés de chamois.
Les sourcils sont teintés de jaune beaucoup moins nets à l'arrière de l'oeil.
Il a un cercle oculaire net et souvent une barre alaire pâle.
Il semble toujours plus sombre et plus gris qu'un tristis typique.
Ses pattes ont tendance à être sombres, mais elles peuvent être pâles parfois.
Son bec est sombre avec une base pâle sur la mandibule inférieure.

Tout d'abord, à titre de rappel, voici le Pouillot véloce occidental (Phylloscopus collybita collybita) : (1) sourcils jaunâtres continuant derrière l'oeil et (2) dessus nettement jaunâtre. Photographie : Joël Bruezière / Eyesonsky.com |
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 Pouillot véloce scandinave (P. c. abietinus) : (1) dessus grisâtre, avec des traces jaune-verdâtre, (2) dessous blanchâtre, (3) sourcils teintés de jaune beaucoup moins nets à l'arrière de l'oeil, (4) cercle oculaire net et (5) bec sombre, avec base pâle sur la mandibule inférieure. Photographie : Bo Petersson / Bingsmarken.se |
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 Pouillot véloce scandinave (P. c. abietinus) : (1) dessus grisâtre, avec des traces jaune-verdâtre, (2) sourcils teintés de jaune beaucoup moins nets à l'arrière de l'oeil et (3) parotiques lavées de chamois. Photographie : Bo Petersson / Bingsmarken.se |
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 Pouillot véloce scandinave (P. c. abietinus) : (1) sourcils teintés de jaune beaucoup moins nets à l'arrière de l'oeil, cercle oculaire net et (2) parotiques lavées de chamois. Photographie : Bo Petersson / Bingsmarken.se |
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Pouillot véloce scandinave (P. c. abietinus) : (1) dessus grisâtre, avec des traces jaune-verdâtre et (2) dessous blanchâtre. Photographie : Bo Petersson / Bingsmarken.se |
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Chants et cris
Cri similaire à celui de la sous-espèce nominale (mais ce cri est-il différent entre les adultes et des juvéniles ?). Il évoque un "poussin de poulet en détresse" (Beaman & Madge 1998) !
Voici deux enregistrements de ces cris :
Identification

Pouillot véloce intermédiaire (P. c. abietinus x tristis): allure générale grise, mais il semble présenter trop de jaune aux tertiaires... En cas de doute, il faut le classer en fulvescens ou "de type" tristis. Photographie : Paul Cools / Sa galerie |
L'aire de répartition de P. c. tristis chevauche largement celle d'abietinus entre l'Oural et le fleuve Ienisseï, d'où l'existence d'oiseaux aux caractéristiques intermédiaire. On les appelle fulvescens ou "sous-tristis" (sub-tristis). Ces pouillots présentent une légère teinte vert-olive sur la couronne, la nuque ou le manteau, du jaune sur les paupières, les sourcils, les côtés de la gorge et la poitrine. A noter que la teinte jaunâtre est parfois impossible à noter sur le terrain ! En fait, seuls les oiseaux cumulant tous les bons critères (plumage et voix) devraient être considérés comme des tristis : au moindre doute, pensez fulvescens ou indiquez "de type" tristis.
Voici ci-dessous quelques cas où l'on peut écarter un tristis pur (d'après l'article "Identification of Siberian Chiffchaff" de Kjetil Aa. Solbakken) :
- cas 1 : un oiseau avec un mélange de plumes grises et vertes sur le manteau et la couronne. Ses sourcils sont assez indistincts, mais on note la présence de jaune à l'avant de l'oeil, et une partie du cercle oculaire est jaune --> ce n'est pas un tristis.
- Cas 2 : un oiseau sans plumes vertes ou jaunes sur le manteau, la couronne et le cercle oculaire, mais il présente une légère teinte jaunâtre sur le manteau visible seulement au soleil et une teinte jaune-chamois sur la partie la plus à l'avant des sourcils --> ce n'est pas un tristis.
- Cas 3 : un oiseau apparemment sans vert sur le manteau, le dos et le croupion quand il est photographié à l'intérieur d'une pièce avec un flash, mais qui montre une légère teinte verte sur le bas du dos et sur le croupion visible à la lumière du soleil. Présence de stries diffuses avec une légère teinte verte sur le bas du manteau, légère teinte jaune sur les sourcils et légère teinte verte sur la couronne --> ce n'est pas un tristis.
- Cas 4 : un oiseau sans plumes vertes ou jaunes sur le manteau, la couronne et le cercle oculaire, avec un dessus plus gris que les ailes, un cercle oculaire a priori chamois mais trop de jaune à la base du bec pour un tristis --> ce n'est pas un tristis.

Pouillot véloce intermédiaire (P. c. abietinus x tristis): allure générale grise, avec des sourcils blanchâtres sans jaune (1), une calotte bien grise (2), un bec noir (3), un dessous blanc (4)... Pourtant ce n'est pas un tristis pur a priori. Photographie : Paul Cools |
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 Pouillot véloce intermédiaire (P. c. abietinus x tristis): (1) sourcils blanchâtres sans jaune et (2) dessus grisâtre (un peu de jaune ?)... Pourtant ce n'est pas un tristis pur a priori. Photographie : Paul Cools |
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 Pouillot véloce intermédiaire (P. c. abietinus x tristis), Harms Hall (Grande-Bretagne), février 2005 : c'est un oiseau blanchâtre et grisâtre, avec des critères intermédiaires entre abietinus et tristis, donc très difficile à diagnostiquer. Photographie : Steve Seal |
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 Pouillot véloce intermédiaire (P. c. abietinus x tristis), Harms Hall (Grande-Bretagne), février 2005 : (1) un peu de jaune à l'avant des sourcils élimine un tristis pur. Photographie : Steve Seal |
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Pouillot véloce intermédiaire (P. c. abietinus x tristis), Harms Hall (Grande-Bretagne), février 2005 : (1) un peu de trop de jaune sur le croupion ? Photographie : Steve Seal |
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 Pouillot véloce intermédiaire (P. c. abietinus x tristis), Harms Hall (Grande-Bretagne), février 2005 : difficile pourtant de ne pas en faire un tristis... Photographie : Steve Seal |
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Pouillot véloce intermédiaire (P. c. abietinus x tristis), parc des Beaumonts, Montreuil-sous-Bois (France), mars 2007 : (1) trop de jaune sur le dessus et les tertiaires pour un tristis ? Photographie : Olivier Laporte / Digiscopies.fr |
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 Pouillot véloce intermédiaire (P. c. abietinus x tristis), parc des Beaumonts, Montreuil-sous-Bois (France), mars 2007. Photographie : Olivier Laporte / Digiscopies.fr |
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Chants et cris
Ils sont mal définis, et c'est là le problème... Alexander Lees décrit sur son site web www.lincsbirdclub.co.uk le cas d'un tristis découvert dans les Marston Sewage Treatment Works (Grande-Bretagne) en décembre 2003 : l'oiseau était uniformément gris sans teinte jaune sur le corps, avec une pointe de vert sur les rémiges évoquant une Pouillot de Bonelli (P. bonelli). Ses parotiques étaient sombres, le cou gris et le bec et les pattes noirs typiques. L'oiseau ne possédait pas de barre alaire distincte, mais cet élément était peut être à relier au plumage d'un premier hiver. Il émettait des tristes "veet !" ou "peet !", et pensait donc que l'identification ne serait qu'une formalité… Mais le 31 décembre 2003, un pouillot du type tristis vu criant comme un collybita ou un abietinus (type "huit !") aété vu dans la zone...
Voici deux enregistrements de cris attribués à cette sous-espèce :
Alexander Lees évoque une certaine "plasticité de ces cris", les oiseaux en migration imitant les oiseaux locaux. Il cite le cas des cris du Pouillot des Canaries (P. canariensis) sur l'île de Ténérife qui sont plus proches de ceux du Pouillot véloce (P. c. collybita) que de ceux des oiseaux des autres îles de l'archipel (peut-être à cause des contacts avec les oiseaux de la sous-espèce nominale en migration). Il estime donc qu'il ne faut pas écarter un tristis sur le simple fait que ses cris ne sont pas typiques : peut-être en effet que des oiseaux sibériens hivernant régulièrement en Europe de l'Ouest ont-ils modifié leur vocabulaire ? Il est probable que le statut taxonomique du Pouillot véloce est dynamique et évolutif. Au moindre doute, classez tout oiseau litigieux en fulvescens ou "de type" tristis.
En conclusion
Cet article énumère les critères utiles pour repérer les pouillots appartenant aux sous-espèces Phylloscopus collybita tristis, P. c. abietinus et P. c. fulvescens, mais il ne sera parfois pas possible d'identifier certains oiseaux : en cas de doute, la prudence reste donc de mise.