Colorado 2018 L I B E L L U L E S |
Many thanks to Ann Cooper and Bill Prather
who gave me valuable informations,
took me to superb places
and helped me to discover very interesting species
faune, flore et paysages du Colorado
Les Odonates du Colorado
Sur le plan géographique, le Colorado peut être divisé en trois zones, d'Est en Ouest, les Grandes Plaines, les Montagnes Rocheuses et les Plateaux.
Les Grandes Plaines, majoritairement couvertes de 'buffalo grass' et naturellement arides, ont été depuis longtemps modifiées par l'homme pour les besoins de l'agriculture et de l'élevage. Les nombreux réservoirs et mares créés ont favorisé l'installation d'espèces plutôt généralistes.
Les Rocheuses s'élèvent abruptement à la fin des Grandes Plaines et la zone des contreforts (Front Range) est assez étroite. Les cours d'eau sont donc assez raides et peu favorables aux Odonates. En altitude, jusqu'à plus de 3000m, on rencontre de nombreux lacs mais le climat montagnard limite le nombre d'espèces. Certains lacs bien végétalisés et quelques tourbières hébergent des espèces de type boréo-arctiques, celles qu'on trouve dans tout le Nord du continent.
La barrière des Rocheuses (le col le moins élevé, le Cochetopa Pass, est à plus de 3000m) limite la dispersion des espèces orientales vers la zone des Plateaux et un certain nombre d'espèces se rencontre d'un côté de la chaîne et pas de l'autre ; les vallées qui entaillent ces plateaux présentent souvent une plus grande diversité d'espèces.
120 espèces ont été listées dans le Colorado par Inès et Bill Prather dans leur publication de 2015 qui constitue la référence pour l'odonatologie dans l'Etat.
Lors de notre séjour en juillet-août 2018, nous avons également visité une partie de l'Utah et du Wyoming. Nous avons pu observer et photographier 53 espèces.
Documentation
- The dragonflies and damselflies of Colorado, an update annotated checklist - Ines et Bill Prather - 2015 - in "Insects of Western North America"
- odonatacentral.org : liste des libellules du Colorado - Boulder county
- iNaturalist : les dernières observations dans le Colorado
- Dragonflies and damselflies of the West - Dennis Paulson - 2009 - Princeton University Press
- Dragonflies, Q&A guide - Ann Cooper - 2014 - Stackpole Books
- The Dragonflies and Damselflies (Odonata) of Utah - A.Myrup, R.Baumann - 2016 - in "Western North American Naturalist"
- A Distribution of Dragonflies and Damselflies in the State of Wyoming - G.Sims - 2013 -
- Arizona Dragonflies - avec, en particulier, un très intéressant comparatif d'espèces
Damselflies
Le genre Hetaerina, de la famille des Calopterygidae, comporte 3 espèces en Amérique du Nord.
Hetaerina americana (American Rubyspot) est la plus répandue dans l'ensemble des Etats-Unis et en particulier dans l'W.
Le mâle est immanquable avec ses taches rouges à la base des ailes, la femelle est plus discrète. Mâle et femelle présentent des ptérostigmas.
L'habitat et le comportement sont proches de ceux de nos Calopteryx.
Les Lestes sont un des casse-têtes de l'amateur de libellules dans le Colorado. Plusieurs espèces très proches co-habitent dans cette région, avec des recoupements d'aires de distribution et de répartitions altitudinales.
Lestes dryas, que nous connaissons en Europe, en fait partie. Mais l'espèce la plus répandue en montagne est Lestes disjunctus (Northern spreadwing).
Il est particulièrement difficile à distinguer de Lestes australis (Southern spreadwing) ; heureusement, ce dernier ne dépasse pas 1800m alors que L.disjunctus monte jusqu'à plus de 3000m !
Lestes congener est assez commun dans les Grandes Plaines et dans toute la chaîne des Rocheuses.
Je ne l'ai rencontré qu'en plaine autour de Boulder, dans un fossé humide et le long d'un petit ruisseau, toujours avec une végétation abondante.
Il se distingue des Lestes du groupe disjunctus par une couleur générale plus brune que verte, une large bande humérale noire qui s'élargit en deux décrochements jusqu'à la base des ailes et, pour les mâles, par des cerques courts. Les deux petites taches noires sous le thorax sont diagnostiques.
J'ai pu observer un individu de Lestes unguiculatus capturé par Bill Prather à Overland Lake (Ward - CO - 2610m) mais je n'ai pas revu d'autres individus, je n'ai donc pas de photos.
L.unguiculatus, comme L.disjunctus, fait partie d'un groupe de Lestes assez proches, répandus dans le NW de l'Amérique du Nord. C'est une espèce typique des milieux temporaires, en déclin dans les régions de l'W où il est victime de l'assèchement précoce de ses habitats.
Nous avons vu Lestes dryas à Overland Lake (Ward - CO - 2610m) ainsi que dans le Wyoming (Canyon Village - Yellowstone NP - WY - 2380m)
On le rencontre
dans le NW de l'Amérique du Nord où il cohabite avec d'autres Lestes du groupe de L.disjunctus.
Le genre Archilestes compte deux espèces en Amérique du Nord. Comme leur nom américain (Stream Spreadwings) l'indique, on les trouve surtout sur des ruisseaux et petites rivières.
Avec ses 60mm de long et sa carrure imposante, Archilestes grandis (Great Spreadwing) est le plus grand Zygoptère d'Amérique du Nord et, en l'apercevant de loin, on pense d'abord à un Anisoptère.
C''est une espèce de fin d'été dans le Colorado, je ne l'ai vue qu'une fois, c'était une femelle émergente.
L'Amérique du Nord compte 37 espèces d'Enallagma dont 13 sont présentes dans le Colorado.
Plusieurs espèces sont très proches de notre E.cyathigerum, avec des aires de répartition qui se recoupent, elles constituent donc un challenge pour l'identification.
La prépondérance du bleu par rapport au noir sur S3-S6 et la tache bleue de S2 touchant l'extrémité du segment distinguent E.civile des espèces proches ; mais, comme souvent, seul l'examen des appendices anaux permet une identification certaine.
Les femelles peuvent être bleues ou brunes/vertes ; la large bande antéhumérale olive/jaune est diagnostique dans le Colorado.
E.civile est répandu et abondant en plaine jusqu'à 2000m mais on peut le rencontrer en altitude jusqu'à 3600m.
Enallagma basidens fait figure d'exception dans ce genre aux identifications délicates : avec ses doubles bandes thoraciques, ses marques noires lancéolées dont celle de S3 qui s'allonge sur tout le segment, le mâle est facile à reconnaître ; la femelle, au thorax beige et à l'abdomen de plus en plus bleu, est aussi unique.
L'espèce atteint, dans le Colorado, la limite N de son aire de répartition.
Enallagma signatum n'est pas, non plus, difficile à reconnaître : le mâle est le seul de ce genre à être orange ! La femelle est plus délicate à identifier mais je n'en ai pas vu…
L'espèce montre un net pic d'activité en fin d'après-midi.
Elle atteint, dans le Colorado, la limite W de son aire de répartition. Elle n'a été décrite du Colorado que dans les années 1980 mais elle semble se répandre nettement depuis.
Enallagma clausum, comme son nom américain l'indique, est le spécialiste des eaux alcalines, on le rencontre dans des lacs dont le pH élimine tous les autres odonates. En l'absence de concurrents, il atteint parfois des densités incroyables au point de former des taches bleues à la surface des lacs.
Nous l'avons rencontré une seule fois, près de Salt Lake City.
Difficile à distinguer de plusieurs autres espèces, ce mâle émergent a été identifié par Bill Prather sur la forme de ses appendices anaux.
Deux espèces en une !
"Often occur together, indistinguishable except by structural differences, apparent with magnification. This is one pair of species that, in the field, will have to be lumped" écrit D.Paulson au sujet d'Enallagma boreale (Boreal Bluet) et Enallagma annexum (Northern Bluet).
De fait, les locaux ont pris l'habitude de les appeler "nobo" (comme NOrthern-BOreal), leur fréquence et leur abondance dans les mares d'altitude des Rocheuses et au Canada n'incitant pas à les examiner un par un !
Même avec "magnification", les différences dans les appendices anaux restent assez subtiles, comme le montre ce comparatif
E.annexum a longtemps été considéré comme étant la même espèce que notre E.cyathigerum.
Encore un Enallagma "resembling many others Bluets" écrit D.Paulson !
La taille croissante du noir de S3 à S7 et les longs cerques du mâle permettent d'identifier Enallagma anna.
On le trouve surtout dans les rivières, celui-ci était au bord de la Firehole River qui traverse un des bassins de geysers les plus actifs du Yellowstone National Park.
Plus de noir que de bleu sur S3-S6 permet de distinguer Enallagma carunculatum de la plupart des autres Enallagmas avec qui il cohabite.
Comme toujours, seul un examen approfondi des appendices anaux permet de conclure mais la double page qui leur est consacrée dans l'ouvrage de D.Paulson laisse perplexe tant ils se ressemblent tous !
Sa capacité à supporter une forte salinité est aussi un bon indice, même si E.clausum, avec qui il cohabite souvent, la supporte encore mieux...
Nous l'avons ainsi rencontré sur le Grand Lac Salé mais également près de Boulder.
A l'inverse de l'Europe, l'Amérique du Nord compte de nombreuses espèces d'Enallagma mais très peu de Coenagrion ; ils ne sont que 3 sur le continent dont Coenagrion resolutum, de loin le plus répandu et abondant.
Le "Taiga Bluet", comme l'appellent les Américains, est présent dans tout le Canada et le N des Etats-Unis, dans les zones humides à Carex.
On le trouve vers le S jusque dans le Colorado et l'Utah, à la faveur des hautes altitudes des Rocheuses, où on le rencontre surtout entre 2200 et 3300m.
Il n'y a que deux espèces d'Amphiagrion dans le monde et peut-être même une seule ! Les deux Red Damsels, Eastern et Western, n'en feraient peut-être qu'une mais, comme le dit D.Paulson, "more study is needed".
Les deux espèces font preuve d'une grande variabilité, entre "presque tout rouge" et "presque tout noir".
Ma seule rencontre avec Amphiagrion abbreviatum, un individu particulièrement sombre, a été très brève et dans des conditions de lumière difficiles. Le mâle que j'ai aperçu ne m'a laissé faire qu'une photo avant de disparaître dans la végétation dense de ce petit ruisseau qui est son habitat de prédilection.
L'aire de répartition d'Ischnura damula (Plains Forktail) est très morcelée, entre le Texas et le Yukon, ce qui pourrait indiquer des besoins très spécifiques en terme d'habitat ; quoi qu'il en soit, l'espèce fréquente toujours des milieux à la végétation très dense.
Les paires de points bleus/verts aux extrémités des bandes antéhumérales différencient le mâle de la plupart des autres Ischnura américains. Il reste difficile à distinguer de celui d'I.cervula mais B.Prather considère que ce dernier n'est pas présent à l'E des Rocheuses.
On rencontre Ischnura perparva (Western Forktail) dans tout l'Ouest des Etats-Unis.
Thorax et flancs de S1-S3 verts, S8-S9 bleus avec une petite barre noire sur le côté permettent de le distinguer de la plupart des autres Ischnura américains. Seules deux autres espèces ont ces caractéristiques : I.verticalis (qui n'a pas les deux petits points verts sur le prothorax) et I.demorsa (qui n'est vraiment présent que dans le S du Colorado). Ici encore, seul l'examen des appendices anaux permet de conclure. Les femelles, très variables quand elle sont immatures (y compris des formes orange comme notre I.pumilio aurantiaca), se couvrent d'une abondante pruinosité à maturité.
Plus que les autres Ischnura, I.perparva fréquente les cours d'eau, surtout ceux pourvus d'une végétation abondante.
Curieusement, on rencontre souvent beaucoup de femelles et peu de mâles. Il semblerait que les femelles ne s'accouplent qu'une seule fois puis utilisent le même sperme pour féconder tous les oeufs qu'elle pondent.
A Moab (Utah), la Colorado River est déja un large fleuve, aux eaux chaudes et boueuses ; il semble plat mais le courant est assez rapide. Ses rives encombrées de végétation abritent de nombreux Argia moesta ; l'espèce atteint ici la limite NW de son aire de répartition.
Le mâle porte bien son nom américain puisqu'il se couvre rapidement de pruine mais sur une surface plus ou moins grande selon l'humidité de la région. La femelle est variable, de brune à verte ou bleue, avec ou sans bandes humérales et thoraciques.
Comme nous l'avons observé, la ponte en tandem a lieu, de préférence, en fin de journée.
Répandu dans tout l'E des Etats-Unis, Argia apicalis n'a, pendant longtemps, pas dépassé l'E du Colorado ; il est maintenant régulièrement observé jusqu'au pied des Rocheuses.
On le rencontre généralement au bord des rivières, souvent posé au sol ; nous l'avons également vu sur des étangs.
Le mâle est identifiable à son thorax et ses S8-S10 bleus.
On ne trouve Argia vivida pratiquement qu'aux Etats-Unis et essentiellement à l'W des Rocheuse même s'il est connu à l'E jusqu'au Nebraska.
Son habitat de prédilection est constitué de petits ruisseaux avec une végétation rivulaire dense ; c'est là que nous l'avons rencontré, en effectifs impressionnants, malgré l'assèchement presque complet du ruisseau, début août.
"Dancer" du NW des Etats-Unis, Argia emma s'identifie, pour le mâle, à sa couleur violette.
On le rencontre plus fréquemment que les autres Argia sur de larges rivières mais on peut également le trouver sur de petits ruisseaux rocheux ou même des lacs aux rives nues ou boisées.
Je ne l'ai croisé qu'une fois, au bord d'une petite rivière qui traverse le centre de Boulder.
Dragonflies
Aeshna palmata est, de loin, la plus commune des 15 espèces d'Aeshna qu'on rencontre en Amérique du Nord. Mais, en montagne, contrairement aux Alpes où Aeshna juncea est pratiquement la seule de son genre, on trouve ici plusieurs espèces très proches et leur identification est souvent délicate.
A.palmata ressemble beaucoup à A.juncea (qui est également présente au Canada et dans les Rocheuses américaines). Et si elle ne se pose pas (ce qui est généralement le cas, en bonne Aeschne qu'elle est), on peut encore la confondre avec 3 ou 4 autres espèces aves lesquelles elle cohabite !
Quand on peut les observer, les appendices anaux du mâle sont caractéristiques et justifient son nom américain.
On rencontre l'espèce dans les lacs de montagne, forestiers ou non, de 1400 à 3300m dans le Colorado mais je l'ai aussi observée le long d'un petit ruisseau, en plein centre de Boulder.
L'aire de répartition d'Aeshna interrupta recoupe largement celle d'A.palmata et leurs allures générales sont très proches. Il faut réussir à distinguer les bandes thoraciques, étroites voire réduites à deux petites taches pour identifier l'espèce. Mais, comme son nom américain l'indique, ce critère est très variable. Les taches sur S10, blanches et non bleues, sont un bon critère également.
J'ai pu observer A.interrupta grâce à Bill Prather et Ann Cooper, deux spécialistes locaux qui m'ont emmené sur des sites magnifiques et m'ont montré, sur un mâle capturé, les critères d'identification. Le même jour, nous avons également pu voir un accouplement posé.
Aeshna umbrosa n'est pas une Aeschne "du froid" puisqu'on la trouve jusqu'en Alabama et en Georgie. Dans le Colorado, on la rencontre entre 1000 et 2000m.
Quelques points de détail permettent de la distinguer de ses cousines mais, en vol, l'identification reste délicate pour les non-initiés !
A.umbrosa fréquente les lacs mais également les petites rivières lentes. On la trouve en activité jusqu'à la nuit tombée, d'où son nom américain.
Une très grande Aeschne sombre qui ne se pose jamais et ne fait pas de surplace, voilà Aeshna eremita ! Là encore, je ne dois qu'au filet de Bill Prather d'avoir pu l'examiner en détail, avec ses taches uniquement bleues et ses appendices anaux "à la A.juncea".
La photo ci-dessous est donc une photo "posée" de l'individu juste relâché.
Anax junius est l'une des libellules les plus communes des Etats-Unis. Ses grandes capacités migratoires sont connues même si les zones de reproduction et les mouvements des populations sont encore étudiés. De nombreux individus sont observés dans le Colorado très tôt au printemps, vraisemblablement en provenance du Sud des Etats-Unis ou du Mexique. La reproduction dans le Colorado même est soupçonnée mais non prouvée.
On croise généralement cette espèce en-dessous de 2500m mais j'ai observé cet individu à plus de 3100m d'altitude. Malgré son allure immature, il semble déjà bien abîmé, avec, en particulier, une aile en moins.
J'avais déjà rencontré Anax junius en Louisiane, en 2017.
Le genre Rhionaeschna, très proche des Aeshna, est surtout représenté en Amérique du Sud et centrale et on ne rencontre que quelques espèces en Amérique du Nord.
Rhionaeschna multicolor est l'Aeshnidé le plus courant dans le Colorado. On le trouve surtout en plaine, jusqu'à 2000m, dans toutes sortes de pièces d'eau, en milieu ouvert. Le bleu du mâle est particulièrement spectaculaire, de même que ses appendices anaux.
Nous l'avons également rencontré dans l'Utah, au bord du Grand Lac Salé où nous avons pu observer, un matin, des centaines voire des milliers d'individus longeant la digue qui relie Antelope Island à la terre. Nous avons ainsi trouvé, dans les buissons du rivage, de nombreux individus pris dans les innombrables toiles d'araignées et des "grappes" de mâles posés ensemble voire même certains les uns sur les autres !
Seul Gomphidé rencontré pendant ce séjour, Phanogomphus militaris n'est présent que dans le S des Etats-Unis, entre le Mississipi et les Rocheuses.
Là, il peut être localement abondant, sur les petits cours d'eau lents ou sur des plans d'eau. Nous avons rencontré ce mâle sur le plan d'eau d'un petit parc, en plein centre de Boulder.
L'autre Gomphidé répandu au Colorado est Ophiogomphus severus que j'espérais beaucoup voir mais, malgré des prospections assidues, je ne l'ai pas trouvé. Bill Prather m'indiquait d'ailleurs que, malgré son aire de présence assez étendue et sa relative abondance, il est toujours difficile, pour cette espèce, de citer des lieux où on est presque sûr de la voir.
Avec 26 espèces de Somatochlora, l'Amérique du Nord compte plus de la moitié des espèces mondiales, y compris la mythique S.sahlbergi, aussi rare ici qu'en Europe !
S.semicircularis est beaucoup plus commune, y compris dans le Colorado où elle atteint la limite S de son aire de répartition. On la trouve dans les prairies humides de montagne, principalement à Carex qu'elle survole longuement plutôt que l'eau libre. On ne la rencontre qu'au-dessus de 2700m et elle n'est jamais abondante.
Les appendices anaux du mâle sont très semblables à ceux de notre S.arctica, des tenailles qui la distinguent de la plupart des autres Somatochlora américaines.
Somatochlora hudsonica est une des espèces phares du Colorado, elle est la seule libellule de l'Etat à être déclarée "sensible". Il est vrai qu'elle est ici à l'extrème limite S de son aire de répartition, plutôt centrée sur le N du Canada.
Elle fait donc l'objet de suivis et d'études, comme ceux de R.Packauskas (2005) ou de K.Voss et K.Loewy (2017), destinés à mieux comprendre l'espèce et ses besoins en termes d'habitats.
J'ai pu observer S.hudsonica sur un lac de montagne à 3100m d'altitude, à l'E de Boulder, où elle est connue depuis plusieurs années. J'y suis allé 3 fois et j'ai pu photographier mâle et femelle dans de bonnes conditions.
Les anneaux blancs sur chaque segment de l'abdomen sont un bon critère d'identification dans le Colorado (mais ne permettent pas de la distinguer d'autres espèces proches, plus au N de son aire de répartition). Les appendices anaux du mâle ressemblent assez à ceux de notre S.alpestris. Les comportements de ponte de la femelle sont aussi proches de ceux de nos Somatochlora alpines.
Plathemis lydia est une des libellules les plus répandues du continent nord-américain, c'est aussi une des deux seules espèces du genre. On la trouve dans de nombreux milieux, des eaux stagnantes aux courants lents.
Les imagos sont souvent posés au sol, sur des surfaces nues. Les mâles matures sont couverts d'une pruine d'un bleu tellement clair qu'il paraît blanc alors que femelles et immatures ont de superbes décorations latérales sur leur abdomen brun.
Les deux sexes ont des marques alaires assez spectaculaires.
J'avais déjà rencontré Plathemis lydia en Louisiane, en 2017.
Libellula luctuosa est une des libellules les plus répandues des Etats-Unis, absente presqu'uniquement de la zone des Rocheuses ; dans le Colorado, on la trouve dans les Grandes Plaines, en-dessous de 1700m d'altitude. C'est probablement l'espèce que nous avons le plus rencontrée.
Elle fréquente de nombreux types d'habitats, y compris toutes les mares d'origine anthropique.
L'Amérique du Nord compte plus de 15 Libellula dont la plupart ont les ailes plus ou moins marquées de taches.
Libellula forensis, qu'on ne trouve que dans l'W des Etats-Unis, en possède 2 foncées à chaque aile, séparées, chez le mâle, par des zones blanches qui apparaissent avec l'âge.
Chez la femelle, les taches foncées sont identiques mais les zones blanches ne se développent, généralement, que dans les régions sèches.
Les spots jaunes du thorax sont rapidement masqués par une pruine blanche qui recouvre tout le corps des mâles.
C'est une espèce très tolérante en terme d'habitat, nous l'avons rencontrée au bord du Grand Lac Salé, en Utah.
Présente dans tout l'E, le S et le SW des Etats-Unis, Libellula pulchella est très répandue mais rarement abondante ; dans le Colorado, on la rencontre des plaines jusque dans les lacs de montagne bien végétalisés à plus de 3000m d'altitude.
Très spectaculaire, le mâle est immanquable quand il passe en vol ; son comportement est celui d'un Libellulidae typique.
Libellula composita est un Libellulidae un peu atypique pour plusieurs raisons : on le trouve parfois posé au sol, l'accouplement débute en vol mais se poursuit posé et la ponte se passe en tandem. Son aire de répartition est assez restreinte, quelques zones du SW des Etats-Unis surtout.
Elle supporte des conditions assez extrèmes en matière d'eau (salinité, chaleur, pH…).
Nous ne l'avons rencontrée qu'une fois, en Utah, au bord du Grand Lac Salé.
Libellula saturata est une espèce répandue dans le SW des Etats-Unis, où elle occupe toutes sortes d'habitats. Nous l'avons rencontrée, dans le Wyoming, au bord de la Firehole River qui traverse un des bassins de geysers les plus actifs du Yellowstone National Park. Le Colorado est à la limite NE de son aire de répartition.
Le mâle est remarquable, avec ses larges taches orange aux ailes, traversées par les anténodales blanches. La femelle a également les anténodales blanches mais ses couleurs sont plus discrètes.
Nous avons observé Libellula quadrimaculata sur plusieurs sites de montagne comme Mud Lake (Nederland - CO - 2560m) ou Overland Lake (Ward - CO - 2610m).
Nous avons rencontré Perithemis tenera dans plusieurs sites de grands étangs de la Front Range (Golden Ponds, Walden Ponds...)
Je l'avais déjà rencontré en Louisiane, en 2017.
Celithemis eponina, très commune dans tout l'E des Etats-Unis, n'était, dans les années 80, pas présente dans le Colorado ; elle a réalisé, depuis, une rapide "conquête de l'Ouest", jusqu'au pied des Rocheuses où elle est plus fréquente que sa cousine C.elisa.
J'avais déjà rencontré Celithemis eponina en Louisiane, en 2017.
Celithemis elisa est répandue et abondante dans tout l'E des Etats-Unis mais n'est connue du Colorado que depuis quelques années. Elle étend son aire de répartition vers l'W et atteint maintenant le pied des Rocheuses.
Malgré sa petite taille, la répartition des taches brunes sur ses ailes hyalines la rendent "unmistakable" !
Nous avons été très étonnés de rencontrer une Leucorrhine dans un secteur plutôt sec et chaud du Sud des Rocheuses. Mais Leucorrhinia intacta est moins liée que les autres Leucorrhinia aux habitats "nordiques".
Le spot jaune sur S7 du mâle (ici atténué par l'âge), est diagnostic.
Notre rencontre a été brève et "à sens unique" puisque notre mâle est resté perché loin sur sa branchette et n'a jamais daigné se montrer sous un autre angle que le dos tourné ! Nous avons certainement bien fait de ne pas insister puisque D.Paulson indique que le mâle peut rester plus de 6h d'affilée à défendre le même secteur...
Leucorrhinia proxima fait partie d'un groupe de Leucorrhines plus "classiques" que L.intacta : abdomen noir avec des taches, rouges pour le male et jaunes pour la femelle, habitat préférentiel dans les tourbières de montagne, on pense tout de suite à notre L.dubia.
Son comportement est également proche, souvent posée au sol et les accouplements qui partent se poser dans les arbres autour de la tourbière.
Nous ne l'avons vue qu'à un endroit début août et, d'après B.Prather, c'était vraiment la fin de la saison pour cette espèce.
Erythemis collocata (Western Pondhawk) et Erythemis simplicicollis (Eastern Pondhawk) sont deux espèces très proches. Elles se partagent le territoire américain avec une étroite zone de recouvrement dans l'E du Colorado et du Nouveau Mexique.
On différencie les mâles des deux espèces en particulier à la couleur des appendices anaux, noirs chez E.collocata et blancs chez E.simplicicollis. Femelles et mâles immatures sont d'un superbe vert.
Répandu dans une bonne partie des Etats-Unis, Sympetrum semicinctum est le seul, parmi la quinzaine de Sympétrums nord-américains, à présenter des ailes nettement colorées. Plusieurs sous-espèces ont été décrites mais leur validité reste à préciser.
Il est assez commun dans le Colorado et nous l'avons rencontré dans des milieux variés, y compris dans des prairies loin de l'eau où D.Paulson indique qu'il passe beaucoup de temps.
Les points jaunes en bas des bandes thoraciques distinguent Sympetrum corruptum de tous les autres Sympétrums. C'est une des espèces les plus communes du Colorado où on peut l'observer de février à décembre.
On le rencontre même toute l'année dans les états du SW des Etats-Unis, où son comportement de migrant ressemble à celui d'Anax junius : on trouve des individus en toutes saisons, tantôt migrants, tantôt locaux, selon la période et l'endroit ; on observe des comportements de reproduction en toutes saisons ainsi que des vols de plusieurs milliers d'individus, le long de la côte Pacifique.
Sympetrum internum fait partie des trois sympétrums d'Amérique du Nord qui ont les pattes noires, le thorax et l'abdomen rouges et des marques triangulaires noires sur S4-S9 ! Malheureusement, les aires de répartition des trois espèces se recoupent et on peut rencontrer les trois dans le Colorado...
Chez le mâle adulte vu de face, tout va bien puisque sa face rouge permet de l'identifier à coup sûr mais il n'en va pas de même pour les immatures ou les femelles.
L'altitude est un bon critère complémentaire puisque seul S.internum a été observé en montagne, au-dessus de 2300m.
Comme S.internum, Sympetrum obtrusum a les pattes noires, le thorax et l'abdomen rouges et des marques triangulaires noires sur S4-S9 ! Mais la face est blanche, y compris chez les mâles adultes et l'espèce ne dépasse pas 2300m d'altitude.
Nous l'avons rencontré dans les plaines au pied des Rocheuses, dans des fossés humides, en particulier autour de Boulder.
Les bandes blanches sur le thorax brun identifient les mâles adultes de Sympetrum pallipes (mais d'autres espèces peuvent présenter ces bandes chez les mâles immatures).
Cette espèce présente des variations locales liées à l'humidité du climat : taches noires sur les côtés de S4-S8 et pattes noires dans les régions à climat humide de son aire (côte Pacifique) mais pas de taches noires et fémurs bruns dans les régions sèches (régions intérieures jusqu'aux Rocheuses).
Je n'ai croisé Sympetrum vicinum qu'une seule fois et très brièvement : j'ai aperçu une femelle de loin et son teint jaune pâle uniforme m'a attiré. Je n'ai eu le temps que de faire quelques photos avant qu'elle disparaisse.
Son allure de S.meridionale et sa lame vulvaire bien marquée identifient l'espèce. Comme son nom américain l'indique, c'est une des dernières espèces à voler en fin de saison.
Deux populations disjointes occupent les Etats-Unis : celle des états du NW et celle de l'E du pays, avec très peu d'observations entre les deux.
Sympetrum costiferum s'identifie, pour les mâles matures, par sa couleur rouge sombre avec des bandes noires sur les côtés de S2-S10 ainsi que sur le dessus de S8-S9, sa face brune-rougeâtre, ses nervures antérieures rouges et ses ptérostigmas fortement soulignés de noir.
Son aire de répartition forme une large bande dans le continent américain, entre les 37ème et 54ème parallèles.
Nous l'avons rencontré une seule fois, dans un secteur d'activité volcanique intense du Yellowstone National Park.
Nous avons observé Sympetrum danae sur un site de montagne de type alpin, Overland Lake (Ward - CO - 2610m) mais également dans un site de plaine, South Boulder Creek (Boulder - CO - 1660m).
On le rencontre dans le N et l'W de l'Amérique du Nord, jusqu'en Alaska.
Nous avons rencontré Pachydiplax longipennis dans plusieurs sites de grands étangs de la Front Range (Golden Ponds, Walden Ponds, Pella Crossings...)
Je l'avais déjà rencontré en Louisiane, en 2017.
Tramea lacerata est la Tramea à l'aire de répartition la plus étendue, en particulier vers le N, aux Etats-Unis. L'espèce est connue comme migratrice, les individus observés dans la partie N de l'aire arrivent en été, ils se reproduisent et leurs descendants repartent vers le S.
Son corps entièrement noir complété par ses larges taches noires à la base des ailes la rendent immanquable en vol.
J'avais déjà rencontré Tramea lacerata en Louisiane, en 2017.
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